Investir dans la biodiversité et la défense de la nature pourrait rapporter gros. C’est ce qu’indique une étude commandée par les ONG environnementales WWF, Natagora et Natuurpunt, à l’Institut flamand de recherche technologique (VITO) et à l’Université de Liège, à l’occasion de la Semaine de la Biodiversité. Précisément, 1 euro investi dans la nature procurerait au moins 51% de bénéfice à la société, comme on l’observe avec le plateau des Tailles, à Manhay, en province du Luxembourg.
La Semaine de la Biodiversité a eu lieu il y a quelques jours en Belgique. Pour cette occasion, des organisations environnementales (WWF, Natagora et Natuurpunt) ont demandé à l’Institut flamand de recherche technologique (VITO) et l’Université de Liège Gembloux d’estimer les bénéfices sociaux émanant des investissements dans la nature et la biodiversité. Les associations ont souhaité une analyse d’impact socio-économique sur trois projets de restauration de la nature en Belgique dont un en Wallonie, le Plateau des Tailles à Manhay, en province de Luxembourg.
Des bénéfices pour la santé de l’environnement et de l’homme
De cette étude, il ressort que les services rendus par des écosystèmes en bonne santé sont divers et variés. Ces bénéfices partent du stockage du carbone, à la purification de l’eau et de l’air, en passant par une meilleure résistance aux événements météo extrêmes et des conséquences positives sur la santé physique et mentale. Si ces services portent directement sur la nature et le bien-être de l’homme, ils ont également une grande valeur économique et financière. C’est ce qu’indique l’évaluation de l’Institut flamand de recherche technologique (VITO) et de l’Université de Liège.
Restaurer la nature peut générer jusqu’à 51 euros de bénéfice pour la société
Cette étude compare les coûts d’investissement avec les bénéfices pour la société. Elle conclut que chaque euro investi dans la restauration de la nature peut générer jusqu’à 51 euros de bénéfice pour la société, avec un seuil plancher de 8 euros. Par exemple, le projet « Life » Plateau des Tailles, qui a permis entre 2006 et 2010 de restaurer 600 hectares de milieux tourbeux et 150 hectares de forêt de feuillus, pourrait générer 11 millions d’euros de services sur 100 ans. Ce qui correspondrait à un rendement de 25% par an en moyenne.
Séquestration de dizaines de tonnes de carbone dans les milieux tourbeux
L’étude cite également la restauration des milieux tourbeux, qui permettrait de séquestrer 170 tonnes de carbone par an, alors que la zone émettait auparavant plus de 320 tonnes par an en raison du drainage et de la perturbation des sols. Cela équivaut aux émissions de 10 millions de kilomètres parcourus en voiture ou aux émissions annuelles de 175 Wallons. Le gain financier est estimé à 114.000 euros par an. L’étude fait en outre mention de la restauration des tourbières, à Liège, et de la construction d’installations récréatives. Ces travaux permettraient d’augmenter le nombre de visites sur les lieux de 61 000 par an et procurer plus de 500 000 euros de dépenses locales.
Les milieux naturels sont en mauvaise santé
Une autre évaluation concernait la châtaigneraie de Herent (Brabant flamand). Les chercheurs estiment qu’après 100 ans, chaque euro investi dans ce lieu devrait rapporter 51 euros, avec la possibilité de récupérer les fonds investis dès la septième année. Au regard de ces chiffres, « restaurer la nature est un investissement très rentable, mais « encore trop souvent négligé », soulignent les ONG environnementales. « La majorité des écosystèmes des milieux naturels ne sont pas en bon état de fonctionnement aujourd’hui. Ils sont en mauvaise santé. On doit pouvoir les restaurer », appuie Lionel Delvaux, directeur politique chez Natagora. Le responsable note toutefois que « ce qui manque ce sont des budgets pour pouvoir le faire de manière plus générale ».
Harmonie avec la nature et Développement Durable
La Journée internationale pour la diversité biologique, au cours de laquelle l’étude a été publiée, est une initiative visant à fédérer autour de la cause de la biodiversité. Elle constitue une tribune pour l’appel à l’action, à la transformation de nos modes de vie et à la réconciliation avec la nature. À cette occasion, l’UNESCO, seule organisation des Nations Unies mandatée en sciences, mène des efforts mondiaux pour protéger la biodiversité en connectant nature, science et culture. Cette année, la Journée internationale pour la diversité biologique a été placée sous le thème « Harmonie avec la nature et Développement Durable ». Elle a mis en lumière le lien entre biodiversité et Objectifs de Développement Durable (ODD).