Une nouvelle étude alerte sur la présence insoupçonnée de PFAS (pour substances per- et polyfluoroalkylées) dans de nombreux pesticides autorisés au sein de l’Union européenne. Un danger à la fois environnemental et sanitaire.
Vous vous êtes déjà demandé la nature des substances contenues dans ces pesticides censés faciliter l’activité agricole et ainsi augmenter les rendements ? Deux organisations s’en sont chargées dans le cadre des produits utilisés dans l’Union européenne. Le constat se révèle accablant.
L’association Générations futures et le réseau Pesticide Action Network Europe (PAN Europe) ont en effet découvert que certains pesticides représentent en réalité des plateformes privilégiées pour les PFAS. Encore désignés per- et polyfluoroalkylées, ce sont des composés chimiques réputés pour leur forte persistance dans la nature et même dans l’organisme humain.
D’où leur appellation assez révélatrice de « polluants éternels ». Leur toxicité quoi qu’encore peu évaluée est si forte qu’ils sont liés à des maladies telles que les cancers, l’obésité ou encore les troubles du développement.
Un pesticide sur 10 concerné
L’étude dont les résultats ont été révélés le 9 novembre 2023 témoigne de 12% de substances actives de pesticides utilisés dans l’UE appartenant à la catégorie particulièrement redoutée des PFAS. Autant dire que près d’un pesticide sur 10 – 37 molécules sur 306 – représente en fait un polluant éternel.
Cela concerne des territoires comme l’Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas, la Suède et la Norvège entre autres, où les pesticides aux PFAS sont toujours utilisés et commercialisés. Une situation d’autant plus préoccupante que leur usage aurait dû être restreint en raison d’une proposition de réglementation concoctée dans ce sens.
Plus inquiétant, l’utilisation de ces produits extrêmement dangereux a connu une augmentation ces dernières années dans bien des pays, selon Générations futures et le PAN Europe. C’est notamment le cas de la France dont les chiffres ont plus que triplé en moins de 15 ans.
La boîte de pandore
Ils sont ainsi passés de 700 tonnes en 2008 à 2300 tonnes en 2021. La cause ? L’éternel souci de la performance cumulée au besoin de rentabilité de l’industrie agricole. En rendant les pesticides plus « efficaces » au moyen de liaisons carbone-fluor, les industriels ont ouvert les vannes à la diffusion insidieuse des PFAS dans la nature.
De quoi contaminer les sols ainsi que les nappes phréatiques, pour des dégâts encore probablement sous-estimés. Ce sont autant de raisons évoquées par les ONG auteures de l’étude pour demander l’interdiction effective de ces pesticides éternels.