Selon une enquête de l’OFDT, les Français considéraient en 2023 le cannabis et la cocaïne moins dangereux que l’alcool et le tabac, en comparaison à leur perception en 1999. Cependant, plus d’un tiers d’entre eux jugent que la peine de prison est bien méritée pour les consommateurs de ces drogues, contre près d’un quart vingt-quatre ans plus tôt.
L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) a publié, le jeudi 17 juillet, l’édition 2023 de son Enquête sur les représentations, opinions et perceptions sur les psychotropes (EROPP). Réalisée depuis 1999, cette étude met en lumière les évolutions du regard porté par les Français sur les drogues. L’enquête de 2023 a été réalisée en Hexagone, sur un échantillon représentatif de 2.718 personnes âgées de 18 à 75 ans.
Le cannabis n’est plus jugé à son statut légal
Selon les résultats de cette étude, la dangerosité perçue des psychotropes se définit dorénavant selon les habitudes d’usages et non plus uniquement selon le statut légal du produit. Ainsi, le cannabis et la cocaïne sont considérés comme de moins en moins dangereux au fil des ans. A l’inverse, le tabac et l’alcool sont vus comme plus risqués aujourd’hui qu’en 1999. « Le tabac et l’alcool sont désormais plus souvent perçus comme dangereux, y compris à faible dose », note l’OFDT.
Le tabac passe de moins en moins auprès des Français
Dans le détail, la part des Français considérant que la prise de tabac est dangereuse dès l’expérimentation a atteint 27% en 2023, contre 22% en 1999. Aussi, le fait de considérer sa prise risquée à partir d’une consommation occasionnelle s’élève à 17% en 2023, contre 1% seulement en 1999. Concernant l’alcool, la part des Français jugeant son usage dangereux qu’à partir d’une consommation quotidienne a néanmoins baissé à 71%, alors qu’elle s’élevait à 84% il y a vingt-quatre ans.
Le cannabis de moins en moins considéré comme dangereux
Par contre son taux reste plus important que le cannabis. La dangerosité perçue de celui-ci dès l’expérimentation a diminué sensiblement dans la même période, passant de 54 % en 1999 à 38 % en 2023. Mais la proportion de ceux estimant qu’il ne devient dangereux qu’en cas d’usage quotidien progresse de 28 % à 44 %. La cocaïne, elle, a fortement gagné en notoriété cette dernière décennie. En 2023, souligne l’OFDT, 74 % des Français connaissaient cette drogue, contre 64 % en 2012. Elle aussi est moins souvent perçue comme dangereuse en 2023 qu’en 2019, en comparaison avec l’alcool et le tabac.
La cocaïne vue comme un « moyen d’améliorer ses performances »…
Parmi les personnes ayant déjà consommé la cocaïne, 74 % considèrent qu’elle aide à « s’amuser et à faire la fête » (contre 22 % pour les non-expérimentateurs), 44% que c’est un « moyen d’améliorer ses performances » (contre 14% pour les non consommateurs) et 24 % qu’on peut « vivre normalement » en en consommant (contre 6 %). Globalement, le sentiment d’être bien informé sur les drogues a progressé entre 1999 et 2018. Malheureusement, il recule ces dernières années. En particulier chez les femmes, passant de 65% à 58%, contre 71% à 68% chez les hommes.
Les Français durcissent leur position sur la répression
Interrogés sur les politiques publiques contre les psychotropes, les Français adhérent toujours à la plupart. Notamment aux dispositifs de réduction des risques, dont les Haltes Soins Addictions (HSA, ex-salles de consommations à moindre risque). Au moins 73 % des Français disent soutenir leur déploiement, bien que seuls 20 % en accepteraient une dans leur propre quartier. Par ailleurs, le soutien à des mesures éducatives reste élevé, avec 81% des sondés favorables au rappel à la loi et 67% aux stages. Cependant, les Français durcissent leur opinion sur la répression. En effet, 35 % d’entre eux considèrent désormais que la peine de prison est une « bonne chose » pour les consommateurs de cannabis, contre 23 % en 2018.
Le cannabis non thérapeutique interdit en France
En France, la prise de cannabis non thérapeutique, comme tout autre produit stupéfiant ludique, constitue un délit. Elle est passible de sanctions pénales, jusqu’à un an d’emprisonnement et 3 750 € d’amende. Malgré cette interdiction, cinq millions de Français en consomment chaque année, dont près d’un million au quotidien.
La France détient d’ailleurs le plus fort taux de consommateurs chez les jeunes en Europe. Face à cette situation, certains pensent qu’il faut lever l’interdiction. Selon eux, la prohibition alimente la curiosité, l’envie de toucher à l’interdit et donc les réseaux criminels. Mais d’autres voix s’élèvent pour prévenir les dangers d’une légalisation, notamment une hausse de la délinquance dans les cités.