Il a remis l’Église au milieu de la forêt. Décédé le lundi 21 avril d’un AVC, le pape François est incontestablement le souverain pontife le plus écologiste de l’histoire. Si le christianisme reposait sur la justice sociale depuis ses débuts, c’est l’évêque argentin qui a ramené l’attention sur la protection de la Création, l’œuvre la plus achevée du « Père Céleste ».
Décédé lundi 21 avril d’un AVC, le pape François a été inhumé ce samedi 26 avril dans la basilique Sainte Marie Majeure à Rome, après une messe d’adieu place Saint-Pierre, conformément à ses derniers vœux. Cette cérémonie a eu lieu en présence d’une centaine de cardinaux, d’une cinquantaine de dirigeants et de près de 25 000 fidèles. Il y avait également plusieurs organisations de défense des droits de l’homme et de l’environnement. Leur présence n’est pas fortuite.
Le pape François s’est approprié les enjeux de son temps
En effet, le règne du pape François, qui a duré 12 ans, a été marqué par des engagements sociétaux majeurs comme la défense des migrants, des peuples indigènes et des pauvres. Il a aussi œuvré à la protection de la planète, un fait rare pour un souverain pontife. Se basant sur les fondements du Christianisme, les papes ont eu pour habitude de prôner la paix dans le monde et la justice sociale, peut-être aussi parce que la question climatique n’était pas aussi prégnante à leur époque. Homme de son temps, Jorge Bergoglio, lui, a fait de l’écologie son combat.
Mettre la protection de la Création au cœur de la vie chrétienne
Le pape François a donné le ton de son pontificat vert dès le choix de son nom. Trois jours après son élection, il a pris le nom de François pour rendre hommage à Saint-François d’Assise, le « saint patron des écologistes », comme on l’appelle. Interrogé sur ce choix, le chef du Vatican avait expliqué à l’époque que c’est « l’homme de la pauvreté, l’homme de la paix, l’homme qui aime et préserve la Création ». Cette Création, œuvre la plus achevée du « Père Céleste », comprend non seulement l’Homme, mais aussi la flore (fleurs, arbres), la faune (animaux), les eaux (océans, rivières, etc.) ou encore les nuages.
Un texte fondateur publié en 2015
En 2015, l’année de l’accord de Paris, Jorge Bergoglio a fixé la nouvelle doctrine de l’Église catholique dans un texte. Il a publié l’encyclique Laudate Si (« loué sois-tu », en référence à un texte de François d’Assise), véritable catalyseur de l’engagement du Christianisme dans la lutte contre le changement climatique. Dans ce document de 246 paragraphes, François évoque une Terre « abandonnée, maltraitée, opprimée ».
Le pape François propose une écologie intégrale
Le pape argentin invite surtout à considérer les problèmes environnementaux dans leur ensemble, en abordant non seulement le climat, mais aussi la biodiversité, les ressources naturelles, les eaux et les pollutions. Il critique également avec virulence le productivisme et le consumérisme, socle de la « culture du déchet ». À la place, le chef de l’Église catholique prône la sobriété comme style de vie. Globalement, François propose une écologie intégrale, dont les leviers d’action ne doivent pas se limiter aux solutions techniques ou technologiques, mais s’étendre également aux dimensions humaine, sociale et spirituelle.
Le pape François cloue au pilori les « puissants » de ce monde
En 2023, le pape François a signé un second texte, plus court, dans lequel il critique les « puissants » de ce monde et enjoint les dirigeants à passer enfin à l’action. Publiés avant des COP, les deux textes ont sans doute mis la pression aux politiques et acteurs économiques pour trouver des accords en faveur du climat. L’encyclique, en particulier, a aussi engagé l’Église sur la voie de l’écologie. On note notamment la création de l’association Eglise verte en 2017. Cette organisation permet aux communautés intéressées de réaliser leur transition écologique.
Le pape François a inspiré un Friday for future chrétien
Eglise verte a aujourd’hui des antennes partout. Ces structures aident les communautés chrétiennes, les paroisses et les monastères à cultiver des fruits et des légumes, ainsi qu’à jardiner, etc. Hors ces initiatives, l’engagement écologique de l’Église catholique se manifeste dans des mouvements de jeunes comme Génération Laudato. Celui-ci se joint régulièrement aux grèves pour le climat de Greta Thunberg.
Un appel en faveur d’une Église au « visage amazonien »
Le pape François ne se contente pas d’écrire des textes militants. Il se montre aussi plus concret, en organisant par exemple en 2019 une Assemblée spéciale du Synode des évêques pour la région de l’Amazonie. Dans le cadre de cette réunion, il s’est rendu en Amazonie péruvienne pour rencontrer des tribus autochtones. Lors de cette visite, le chef du Vatican a invité l’Eglise à « retrouver son visage amazonien », un visage vert et vierge de toute méchanceté.
Le prochain pape connu d’ici mi-mai
Fort de l’orientation qu’il a donnée à l’Église catholique pendant son pontificat, le pape François laisse un immense héritage social et écologique. Son successeur aura donc fort à faire car il ne pourra pas revenir sur les engagements pris et les avancées obtenues sans provoquer du mécontentement parmi les fidèles. Le prochain pape sera connu mi-mai, à l’issue d’un conclave qui se tiendra entre le 5 et le 10 de ce mois. Au total 135 cardinaux (probablement 133 car deux sont tombés malades) devront s’accorder sur un nom, alors qu’une dizaine de favoris se dégage.