En Malaisie, l’entreprise Graphjet Technology a mis au point un graphite « vert » pour les batteries électriques, à partir de noyaux de fruits du palmier à huile. Avec son usine récemment inaugurée, elle compte produire jusqu’à 3 000 tonnes de graphite par an, assez pour satisfaire les besoins de 40 000 véhicules électriques (VE).
Le palmier est une culture très importante dans de nombreuses sociétés. En Occident, son huile, notamment, sert à la composition de divers produits comme les pâtes à tartiner, les biscottes, les chips, les dentifrices et même les cosmétiques (crèmes, shampoings, etc.). Malheureusement, cette culture a un impact environnemental néfaste, car responsable de la déforestation et de la perte de la biodiversité.
L’anode des batteries électriques se compose de graphite
De nombreuses entreprises s’emploient donc à la rendre plus durable en utilisant à bon escient tout ce qui en sort. En Malaisie, Graphjet Technology a eu l’idée d’utiliser les noyaux de ses fruits pour fabriquer un graphite « vert » pour les batteries électriques. Rappelons que les batteries lithium-ion, actuellement répandues dans le monde, sont constituées d’une cathode positive et d’une anode négative entre lesquelles circulent des électrons pour produire du courant. L’anode en particulier se compose de graphite.
Graphjet brûle les noyaux, les réduit en poudre et les traite chimiquement
Aujourd’hui, plus de 90% du graphite utilisé dans les batteries électriques vient de Chine. La matière est synthétisée dans des usines ou directement extraite des mines, avec toute la pollution qui va avec. La technologie brevetée de Graphjet Technology permet de produire du graphite vert à partir de coques de palmiste. Pour se faire, l’entreprise malaisienne brûle les noyaux, les réduit en poudre puis les traite chimiquement. Elle a réussi à créer de très bonnes anodes de cette manière.
Ce graphite réduit les émissions de CO2
Graphjet Technology assure que sa technologie permet de réduire son empreinte carbone opérationnelle de 83 % et de baisser les coûts jusqu’à 80 % par rapport aux procédés traditionnels. Aussi, par kg de graphite produit, la société n’émettrait que 2,95 kg de CO2, contre 17 kg pour la production de graphite naturel et synthétique en Chine. Graphjet a ouvert une première usine le 9 décembre 2024 dans le district de Subang, en Malaisie.
Graphjet Technology a déjà un carnet de commandes bien rempli
Cette installation, la première au monde à recycler les coques de palmiste, dispose d’une capacité de recyclage de 9 000 tonnes par an. Elle pourrait produire jusqu’à 3 000 tonnes de graphite annuellement, assez pour soutenir la production d’environ 40 000 véhicules électriques (VE) par an. Graphjet Technology dit avoir déjà un carnet de commandes bien rempli. Et pour cause, les fabricants de batterie cherchent à réduire leurs émissions, leurs dépenses et surtout leur dépendance à la Chine.
Un nouveau débouché pour la Malaisie
Selon Aiden Lee, PDG et cofondateur de Graphjet, cette usine rendra disponible « la production de graphite vert en dehors de la Chine » et contribuera « à soutenir les constructeurs automobiles et les fabricants de batteries ». Son entreprise prévoit aussi de produire du carbone dur, qui servira de matière première pour son usine de graphite vert prévue au Nevada, aux Etats Unis. Grâce à Graphjet, la Malaisie, principal fournisseur d’huile de palme avec l’Indonésie, pourrait pour sa part trouver un nouveau débouché pour cette culture controversée.