Considérée par l’OMS comme une épidémie silencieuse, l’antibiorésistance fait chaque année plus d’un million de décès dans le monde. Nosopharm, une entreprise de biotechnologie française, s’est donnée pour mission de mettre fin à ce fléau en s’attaquant notamment aux infections nosocomiales.
Un fléau plus dangereux que le VIH, le paludisme et la tuberculose réunis
L’antibiorésistance fait chaque année des centaines de milliers de morts dans le monde. Rien qu’en 2019, soit avant la pandémie du Covid-19, elle a provoqué le décès de 1,27 millions de personnes. Elle s’avère ainsi bien plus fatale que le VIH, le paludisme et la tuberculose réunis. Selon les projections de l’OMS, le nombre de victimes pourrait même atteindre 10 millions à l’horizon 2050.
Cette résistance aux antibiotiques constitue donc un problème de santé public majeur. Un nouveau rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) met en évidence cette dangerosité. Publiée en décembre dernier à partir de données communiquées par 127 pays, cette enquête relève des niveaux élevés de résistance (supérieurs à 50 %) chez certaines bactéries. Il s’agit notamment de Klebsiella pneumoniae et Acinetobacter spp.
Des résultats positifs des études de toxicologie
Ces agents pathogènes potentiellement mortels sont soignés à l’aide d’antibiotiques de dernier recours comme les carbapénèmes. Mais, les chercheurs signalent une hausse de la résistance à cette classe de médicaments. Ce qui augmente le risque de décès imputables aux maladies infections. En particulier les infections nosocomiales contractées dans les établissements hospitaliers. « La résistance aux antimicrobiens s’attaque aux fondements de la médecine moderne et met en péril la vie de millions de personnes », alerte le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS.
Nosopharm, une entreprise nîmoise de biotechnologie spécialisée dans la recherche thérapeutique anti-infectieuse, a fait de la lutte contre les infections nosocomiales une priorité. Dans ce cadre, elle développe Noso-502, le premier candidat-médicament au stade clinique de la nouvelle classe antibiotique : les odilhorabdines. D’après des résultats positifs d’études de toxicologie réglementaire, publiés en juin 2022, ce traitement inhibe le ribosome bactérien grâce à un nouveau mécanisme d’action contre les souches résistantes aux carbapénèmes.
Mise en place d’un nouveau conseil de surveillance
Un autre travail scientifique, publié en octobre dernier en partenariat avec l’Inserm et North Bristol NHS Trust, confirme la puissante activité antibactérienne de Noso-502 contre les agents pathogènes à Gram négatifs. Conforté par ces résultats, Nosopharm peut sereinement penser à la dernière phase du développement de son antibiotique first-in-class. En juillet 2022 déjà, le groupe avait procédé au remaniement de son conseil de surveillance pour mener cette étape décisive.
Il a principalement nommé Jacques Dumas au poste de président, en remplacement de Jacques Biton. Ce docteur en chimie organique de l’Université Paris VI se chargera, avec sa nouvelle équipe, de faciliter les collaborations avec des partenaires publics et privés de premier plan. Et surtout de conduire la prochaine levée de fonds de Nosopharm. Si tout va bien, l’entreprise devrait poursuivre le développement de l’antibiotique révolutionnaire NOSO-502 jusqu’à la phase 1 des essais cliniques chez l’Homme. Elle pourra ensuite lancer la commercialisation, bien sûr sous réserve des autorisations réglementaires.