Début octobre, le prix Nobel de la paix a été attribué à Maria Corina Machado « pour ses efforts en faveur d’une transition démocratique » au Venezuela. Ce choix a fait beaucoup parler et continue de faire parler. En témoigne la récente déclaration de Julian Assange. Le fondateur de WikiLeaks estime que le choix de l’opposition vénézuélienne contrevient au testament d’Alfred Nobel de 1895 car il promeut la guerre. À t’il tort de le penser ?
Deux mois après l’annonce du comité Nobel, l’opposante Maria Corina Machado (58 ans), a officiellement reçu , le mercredi 10 décembre à Oslo (Norvège), le prix Nobel de la paix « pour son combat en faveur de la démocratie » au Venezuela. Si certains saluent ce choix, en raison de son courage et de son abnégation face au régime de Nicolas Maduro, d’autres ne comprennent pas qu’on puisse attribuer un prix aussi sérieux à une figure de la droite radicale vénézuélienne et une militante pro guerre.
Le choix de Maria Corina Machado va à l’encontre du testament d’Alfred Nobel
C’est la position de Julian Assange. Le mercredi 17 décembre, le fondateur de WikiLeaks a déposé une plainte pénale en Suède contre la Fondation Nobel. Il conteste l’attribution du prix Nobel de la paix 2025 à María Corina Machado. Selon lui, ce choix finance des « crimes de guerre » et un « détournement de fonds » contraires au testament d’Alfred Nobel de 1895.
Celui-ci, indique le plaignant, stipule que le prix doit être décerné à la personne qui aura fait « le plus ou le meilleur travail en faveur de la fraternité entre les nations, de l’abolition ou de la réduction des armées permanentes et de la tenue et de la promotion de congrès pour la paix ». Or, l’opposante vénézuélienne soutient des projets de guerre comme celui en cours dans les Caraïbes.
Maria Corina Machado soutient l’agression de son pays par Donald Trump
En effet, Maria Corina Machado soutient Donald Trump dans son projet d’agression du Venezuela. Le président américain a autorisé l’armée US à frapper des embarcations au large du Venezuela, sous le prétexte de combattre le Narcotrafic. Or il s’avère que la plupart des bateaux touchés appartiennent à des pêcheurs.
Il y aurait déjà eu une centaine de morts. L’ONU condamne des violations des droits de l’Homme et des exécutions extra-judiciaires. Mais le maître de la Maison Blanche a cure de ces accusations. Il prévoit a présent de frapper au sol pour dit-il mettre fin à l’économie de la drogue qui financerait le régime de Maduro, à qui il demande de « partir » pour son propre bien.
Des manœuvres qui ne visent pas à lutter contre le narcotrafic mais à renverser un régime détesté
Personne n’est dupe sur les véritables intentions des États-Unis. Si le régime de Caracas est l’un des plus répressifs au monde, on ne peut pas croire au récit de Washington gendarme des libertés et de la démocratie sur Terre. C’est juste un bonus. Comme avec les accusations grotesques d’armes chimiques en Irak, le narcotrafic est le prétexte tout trouvé pour une nouvelle invasion impérialiste afin de mettre la main sur les réserves de pétrole du Venezuela, les plus importantes au monde.
Trump veut aussi étendre l’hégémonie des États-Unis sur l’Amérique du Sud, sa soi disant zone d’influence. S’il voulait vraiment combattre le narcotrafic, le président américain commencerait par le Mexique, l’Équateur et la Colombie. D’ailleurs, il a accordé une grâce présidentielle à l’ex chef d’État du Honduras, Juan Orlando Hernández, condamné par la justice américaine en 2024 à 45 ans de prison pour trafic de drogue international.
Même Yasser Arafat a dû travailler à la paix avec Israël pour obtenir le prix Nobel
Par ailleurs, si les États-Unis veulent se faire défenseurs de la « démocratie » à travers le monde, il ne faudrait pas s’arrêter au Venezuela. Il y a plusieurs autres dictatures en Afrique, en Amérique du Sud et dans le monde arabe, très amies à Washington. Les Américains doivent montrer l’exemple en commençant par les potes despotes : ceux du Salvador et du Rwanda , sans oublier les petromonarchistes notamment…
Pour revenir à Maria Corina Machado, on n’a pas souvenir de prix Nobel de la paix ayant appelé à une invasion ou à une violation de la souveraineté de son propre pays. Même Yasser Arafat, traité de terroriste par Israël et ses alliés, avait travaillé à la paix et promu la non violence quand il a reçu le prix en 1994 avec Yitzhak Rabin et Shimon Peres. Ses positions pacifiques lui ont d’ailleurs valu l’inimitié des factions extrémistes palestiniennes comme le Hamas.
Une invasion du Venezuela pour imposer Maria Corina Machado ?
Il faudrait peut-être créer un prix du Résistant, s’il n’en existe pas encore, pour primer des personnalités comme Maria Corina Machado. La résistance inclut aussi d’user du terrorisme et de la guerre… Sinon, avec ce Nobel de la paix, on a l’impression d’avoir affaire à un prix entre copains, à une prime à l’agression contre les régimes non soumis à Washington.
On se demande même si Donald Trump ne cherche pas à renverser Nicolas Maduro pour installer Maria Corina Machado au pouvoir. Elle lui permettrait de contrôler enfin le Venezuela rebelle d’Hugo Chavez. Le plus suspect, c’est le mutisme des Européens sur ce dossier, alors qu’ils prétendent défendre la souveraineté en Ukraine, contre l’envahisseur russe.
