La Fondation L’Oréal et l’UNESCO ont récompensé 30 chercheuses africaines pour leur engagement en faveur de la sécurité alimentaire, dont Aminata Sarr. La scientifique sénégalaise travaille sur des solutions pour les agriculteurs, leur permettant de lutter contre les changements climatiques. Elle a obtenu une enveloppe de 10 000 euros pour vulgariser ses méthodes.
Pour l’édition 2025 de leur programme Women in Science, la Fondation L’Oréal et l’UNESCO ont récompensé 30 chercheuses africaines pour leur engagement en faveur des sciences de la vie et de l’environnement, des sciences de la matière, des sciences de l’ingénieur et de la technologie. Selon les organisateurs, leurs travaux scientifiques contribuent directement ou indirectement à répondre aux enjeux majeurs du continent africain et du monde. Parmi lesquels la sécurité alimentaire, la santé publique, le développement durable et la transformation numérique inclusive.
25 doctorantes et 5 post-doctorantes primés
Dans le détail, 25 doctorantes et 5 post-doctorantes issues de 18 pays d’Afrique subsaharienne ont reçu le Prix Jeunes Talents Afrique subsaharienne 2025 Pour les Femmes et la Science, sur plus de 550 candidatures. On retrouve dans la liste la Sénégalaise Aminata Sarr, qui a étudié l’agronomie et les énergies renouvelables à l’université, notamment au Burkina Faso.
La jeune femme de 30 ans a été récompensée pour une solution visant à produire davantage dans l’agriculture, avec moins d’eau et moins d’énergie. Produire suffisamment d’aliments avec moins de ressources constitue un enjeu crucial pour les zones rurales d’Afrique à l’heure du changement climatique, qui modifie les systèmes agricoles centenaires et menace les récoltes.
Aminata Sarr vise l’efficience de l’utilisation des ressources en eau
Pour lutter contre l’impact des changements climatiques sur l’agriculture en Afrique, Aminata Sarr mise donc sur l’efficience de l’utilisation des ressources en eau. La doctorante a recours au système agrivoltaïque, une technique qui permet à la fois la production agricole et énergétique sur une seule surface. Ayant constaté qu’il faut optimiser cette méthode, elle a développé une technologie permettant de trouver la configuration idéale pour une production agricole et énergétique maximale. Il s’agit d’un système d’irrigation automatisé, conçu en partenariat avec une équipe d’universitaire.
Des capteurs connectés et des microcontrôleurs pour appliquer l’eau de manière automatique
Aminata Sarr a également mis au point des capteurs connectés et des microcontrôleurs pour appliquer l’eau de manière automatique. « Le système permet d’appliquer automatiquement la quantité d’eau dont la plante a besoin, uniquement au moment nécessaire. Seule la quantité strictement nécessaire est utilisée », assure la scientifique sénégalaise auprès de RFI.
Selon Aminata Sarr, le réseau d’irrigation automatisé renforce la production agricole, tout en permettant une exploitation durable des ressources en eau qui ont un niveau de plus en plus critique. Il s’avère particulièrement utile en milieu rural, où les producteurs n’ont pas toujours une idée précise de la quantité d’eau à appliquer, ce qui peut conduire à une surconsommation.
Aminata Sarr encourage les femmes à se lancer dans une carrière de scientifique
Avec les 10 000 euros de dotation du L’Oréal-UNESCO, Aminata Sarr souhaite vulgariser les résultats de ses travaux, à travers notamment la participation à des conférences et la publication d’articles scientifiques dans le monde entier. La chercheuse espère aussi faciliter l’accès à ses méthodes aux populations qui en ont besoin, en les rendant abordables. Mais elle ne se contente pas de vendre ses solutions.
Aminata Sarr a profité de la remise de son prix pour encourager les femmes à se lancer dans une carrière de scientifique malgré les contraintes et les difficultés. Elle les appelle à « toujours se forcer à aller de l’avant, à travailler encore davantage pour aller de l’avant » afin de rétablir la parité dans le domaine de la science. On estime que les femmes scientifiques ne représentent encore qu’un chercheur sur 3 en Afrique subsaharienne, comme d’ailleurs au niveau mondial.
