Bientôt une nouvelle course au nucléaire comme pendant la guerre froide ? Donald Trump a annoncé mercredi que les États-Unis allaient relancer leurs essais, après que la Russie a dit avoir testé un nouveau missile de croisière à propulsion nucléaire. Cette décision du président américain suscite des inquiétudes, notamment au sein des Nations Unies. Va-t-elle provoquer une nouvelle escalade nucléaire ?
S’adressant aux journalistes à bord d’Air Force One, mercredi 29 octobre, Donald Trump a annoncé que les États-Unis allaient relancer les essais nucléaires, plus de trente ans après leur dernier test. « D’autres pays le font. S’ils le font, nous le ferons aussi », a-t-il justifié. Le président américain n’a toutefois pas donné des précisions sur sa déclaration. Certains spécialistes pensent qu’il fait référence aux essais de missiles capables d’emporter une ogive nucléaire, plutôt qu’aux ogives elles-mêmes. On n’est donc pas sûr que les États-Unis procéderont à des essais nucléaires tels quels, surtout qu’il leur faudra du temps et beaucoup d’argent.
Donald Trump a réagi à une déclaration de Vladimir Poutine sur une arme à propulsion nucléaire
L’annonce de Donald Trump sur les essais nucléaires est intervenue après que la Russie a relevé avoir testé un nouveau drone sous-marin à propulsion atomique et à capacité nucléaire, ainsi qu’un nouveau missile de croisière à propulsion nucléaire. En effet, le 26 octobre d’abord, Vladimir Poutine a présenté un nouveau missile russe appelé « Bourevestnik », en affirmant que « personne d’autre dans le monde ne possède » cette arme, fruit de sept ans de développement.
Selon le maître du Kremlin, ce missile est doté d’une propulsion nucléaire au lieu d’une propulsion kérosène, à la « portée illimitée ». Il a également parlé de l’essai d’un autre « système prometteur », un drone sous-marin nommé « Poséidon », lui aussi à propulsion nucléaire et capable de transporter des charges atomiques.
Le Kremlin assure qu’il ne s’agissait pas de tests nucléaires
Ainsi, même si Donald Trump ne désigne pas directement la Russie dans son message sur les essais nucléaires, c’est bien de ce pays qu’il parle (et peut-être aussi de la Chine, qui mènerait des tests souterrains secrets). Mais depuis les années 1990, les puissances nucléaires ont cessé les essais, conformément à un accord. Seule la Corée du Nord en a mené un officiellement. C’était en 2017. Réagissant à la déclaration du président américain, le porte-parole du Kremlin, Dimitri Petkov, a affirmé que les opérations menées récemment par la Russie ne peuvent pas être considérées comme des essais nucléaires.
« Les Russes ont fait ce que font très régulièrement toutes les autres puissances »
Plusieurs experts sont d’accord avec Dimitri Petkov. Emmanuelle Maitre, spécialiste de la dissuasion nucléaire à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) estime que « les Russes ont fait ce que font très régulièrement toutes les autres puissances, y compris les Etats-Unis, à savoir essayer les missiles et les moyens dont ils disposent ». La spécialiste ajoute, à propos de Bourevestnik » que « ce missile est à propulsion nucléaire, mais il n’y a pas d’explosion impliquée ». Jeudi dernier, le pouvoir russe a cependant averti que, si les États-Unis reprenaient leurs essais d’armes nucléaires, la Russie ferait de même. Cette escalade ravive les souvenirs de la guerre froide et la course aux armements.
L’ONU s’alarme du discours sur le nucléaire
Face à ces déclarations de défiance, l’Organisation des Nations Unies (ONU) a mis en garde contre toute reprise des essais nucléaires. « Le risque de guerre nucléaire est déjà suffisamment alarmant », a averti le porte-parole adjoint du Secrétaire général des Nations Unies, Farhan Haq, lors d’un point de presse à New York, le jeudi 30 octobre.
Le dirigeant onusien a ajouté que toute activité nucléaire pouvant provoquer une erreur de calcul ou une escalade aux conséquences catastrophiques devait être « strictement évitée ». Pour l’ONU, relancer la course aux essais nucléaires constituerait une « faute historique » aux conséquences graves. Aussi, l’organisation a rappelé à juste titre l’« héritage désastreux » des bombes nucléaires, principalement à Hiroshima et Nagasaki. Mais les puissants de ce monde entendront-ils raison ?
