Chine : les pubs arrivent dans les toilettes publiques

Les pubs nous suivent partout, même au petit coin. En Chine, il existe désormais des toilettes publiques qui demandent aux utilisateurs de regarder une publicité sur leur téléphone pour recevoir du papier toilette supplémentaire, ou de payer en cas de refus. Ce système aurait pour but de réduire le gaspillage de PQ. Mais dans l’Empire du milieu, où la surveillance de masse s’installe sans bruit, on peut se poser des questions.

Malgré leur utilité, notamment en cas de besoin pressant, les toilettes publiques ont toujours suscité débat, entre propreté, intimité et accessibilité (il faut souvent payer une somme non négligeable pour s’assoir sur le trône sacré). Maintenant, la Chine y ajoute un autre problème. Dans ce pays, il existe désormais des cabines où il faut payer un supplément ou regarder une vidéo sur son smartphone pour avoir plus de papier hygiénique.

Les toilettes publiques proposent de regarder une vidéo pour recevoir du papier hygiénique supplémentaire

Dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux chinois, on peut voir un utilisateur payer 0,5 Yuan supplémentaires, soit environ 7 centimes d’euro, pour avoir accès à d’autres feuilles. Et quand il refuse, il doit regarder une publicité de 30 secondes (par exemple une pub pour des couche-culotte) qui se lance sur l’écran de son smartphone en scannant un code QR sur le distributeur. Une fois la publicité terminée, le distributeur « offre » une bande de papier toilette. L’individu peut répéter l’opération si ça ne suffit pas…

Une solution au gaspillage du papier hygiénique

Ce système aurait pour but de réduire le gaspillage de papier hygiénique. Les autorités chinoises déplorent en effet que certaines personnes consomment des quantités excessives de PQ gratuit. D’autres individus prennent même le malin plaisir d’emporter tout le rouleau. Ce n’est pas la première fois que les responsables chinois essaient de s’attaquer à ce problème.

En 2017 déjà, ils avaient installé un système de reconnaissance faciale dans les toilettes du Temple du ciel, un lieu touristique très fréquenté de Pékin. Cette technologie permettait de reconnaître les individus qui utilisait les toilettes, afin de limiter la quantité de feuilles que chacun pouvait prendre dans un laps de temps donné (9 minutes) pour ses besoins. Elle aurait permis de réduire de 70% la consommation de papier, celle-ci passant de 20 rouleaux tous les trois jours à seulement 4.

Ce système ressemble à du chantage

En Chine, beaucoup de toilettes publiques ne disposent traditionnellement pas de papier-toilette. Chacun doit y apporter le sien. Mais certaines villes comme Pékin, Guangzhou et Shenzhen avaient mis à disposition des papiers toilette et installé des technologies intelligentes pour en limiter le gaspillage.

Cependant, depuis 2020, elles ont peu à peu suspendu la reconnaissance faciale. Peut-être en sera-t-il autant pour les pubs dans les nouvelles toilettes ? Celles-ci ressemblent à du chantage puisque les utilisateurs doivent regarder une vidéo monétisée avant d’accéder à du papier toilette et se nettoyer les fesses. C’est comme sur Youtube, quand on doit regarder en entier une publicité avant de visionner la vidéo pour laquelle on est allé sur la plateforme.

Après les toilettes publiques, les bancs publics et les fontaines à eau ?

Aussi, il faut noter que la lecture de pub comme sésame au PQ pose problème pour les personnes dont le portable est hors service (plus de batterie ou en panne) ou qui ne peuvent pas manipuler convenablement un smartphone. Par exemple les enfants et les personnes âgées…à moins que quelqu’un ne rentre dans les « cabinets » pour le faire à leur place.

Il faut en outre relever le côté sanitaire. Il n’est pas hygiénique de manipuler son smartphone aux toilettes. Une récente étude scientifique le déconseille d’ailleurs. Enfin, on peut craindre que la tolérance à un tel système n’encourage à une surveillance de masse généralisé, à une introduction de la publicité partout et à la suppression de la gratuité de tous les lieux publics (bancs publics, fontaine à eau, etc.).

Auteur de l’article : Marie Foilpeau

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