Pollution marine : en Tunisie, plusieurs plages interdites à la baignade

En Tunisie, une vingtaine de plages ont été interdites à la baignade depuis juin pour cause de pollution aux eaux usées et rejets industriels. Cette contamination expose des milliers de vacanciers à des risques sanitaires, sur fond de dégradation de l’environnement. Les associations appellent les autorités à prendre des mesures idoines pour mettre fin à ce problème.

En Tunisie, le ministère de la Santé a publié fin juin une liste de 28 plages interdites à la baignade pour cause de pollution. Cette contamination provient principalement de rejets d’eaux usées non traitées et d’une activité industrielle incontrôlée, notamment dans les régions côtières du Grand Tunis. Les autorités sanitaires préviennent également contre la présence de bactéries, comme les streptocoques ou les salmonelles, susceptibles de causer des infections cutanées, des maladies respiratoires ou des troubles gastro-intestinaux.

L’interdiction de la baignade sur les plages devient une tradition en Tunisie

Parmi les zones concernées par l’interdiction de se baigner figurent des sites emblématiques et très populaires comme la plage de La Goulette. Cette plage est très fréquentée pendant l’été par les familles tunisiennes en quête de fraîcheur. Malgré l’interdiction du ministère de la Santé, des baigneurs continuent de s’y rendre, souvent par manque d’alternatives accessibles ou d’informations sur les risques sanitaires. Les autorités précisent que ces interdictions sont temporaires et feront l’objet d’une réévaluation périodique. L’année dernière, 18 plages avaient déjà été interdites à la baignade à cause de la pollution aux eaux usées et industrielles.

La Tunisie compte plusieurs zones du littoral touchées par une pollution massive

Il s’agit donc d’un problème récurrent. Et cela ne se limite pas au Grand Tunis et à sa banlieue. La Tunisie compte plusieurs zones du littoral touchées par une pollution massive, comme Gabès, où les rejets industriels des complexes chimiques menacent l’écosystème marin et la santé des habitants. Ces rejets sont issus de la transformation du phosphate, une activité essentielle à l’économie tunisienne. Ils ont des répercussions néfastes sur la mer Méditerranée, les plages et les sols, et donc sur la santé des populations riveraines ainsi que des écosystèmes marins.

La pollution ne concerne pas que le littoral en Tunisie

Sur les côtes de Monastir, la pollution atteint également un niveau critique, menaçant à la fois la biodiversité marine et les habitants. Mais le problème va au-delà du littoral. En effet, la pollution concerne d’autres zones à l’intérieur des terres, ce qui accentue la gravité de la situation environnementale en Tunisie. Dans certaines régions, les contaminations datent de plusieurs décennies, sans solution structurelle à ce jour. Cette situation alarmante pose la question récurrente de la responsabilité des industriels face à l’intérêt général. Elle met aussi en lumière les retards chroniques en matière de gestion des eaux usées, de traitement des effluents industriels et de protection du littoral, et plus largement du sol tunisien.

Le gouvernement va augmenter la capacité de traitement des stations d’assainissement

Pour résoudre ces problèmes, les organisations environnementales locales appellent l’État à prendre des mesures urgentes permettant de restaurer la qualité des eaux de baignade, de renforcer la surveillance des rejets polluants et d’améliorer la sensibilisation du public. Elles demandent aussi la construction de stations de traitement des eaux usées ainsi que la révision du cadre législatif. Celui-ci serait dépassé, rendant inefficace l’Agence de protection de l’environnement. Concernant les stations d’assainissement, le ministère de l’Environnement a déjà prévu d’augmenter leur capacité, en adoptant le traitement tertiaire des eaux. Ce processus vise à supprimer les contaminants résiduels que le traitement secondaire n’a pas réussi à éliminer.

Un accord signé avec 21 entreprises pour lutter contre la pollution persistante des eaux

Le gouvernement veut également contraindre les entreprises industrielles à mener des études sur leur impact environnemental. Il leur assure en même temps de son soutien pour bénéficier des programmes de coopération européenne dédiés à la protection de la rive sud de la Méditerranée. Le ministère de l’Environnement note par ailleurs avoir signé un accord avec 21 entreprises afin de lutter contre la pollution persistante des eaux. Pourtant, lors d’une séance plénière de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) tenue le 5 mars dernier, le ministre Habib Abid avait révélé que 71 entreprises sont responsables de la dégradation de l’oued Méliane, impactant directement les plages de la banlieue sud de Tunis…

Auteur de l’article : EcoloBizz

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