L’administration américaine a décidé de détruire des millions de contraceptifs féminins stockés sur le sol européen, dans le cadre de sa politique conservatrice. Cette décision suscite l’indignation de plusieurs pays européens, notamment la France.
L’affaire a été révélée le 18 juillet dernier par The Guardian : les États-Unis ont décidé de détruire un vaste stock de contraceptifs féminins conservé dans un entrepôt belge, à Geel. Leur crime ? Avoir été financés sous l’administration Biden par l’USAID.
Cette agence américaine pour le développement international, que Donald Trump a supprimée avec le soutien d’Elon Musk, était accusée par ce dernier d’être dirigée par des « fous radicaux » de gauche.
Le président américain, fidèle à son idéologie conservatrice hostile aux droits reproductifs, a ordonné l’incinération de ces produits – implants et stérilets d’une valeur de 9,7 millions de dollars – destinés initialement aux femmes d’Afrique subsaharienne.
Si la presse avait initialement annoncé que l’incinération devait avoir lieu en France fin juillet, le ministère français de la Santé a déclaré vendredi 1er août ne disposer d’aucune information sur le lieu de ces opérations.
Une indignation générale
Une situation d’autant plus surprenante que la logistique nécessaire pour détruire un stock de cette ampleur – évalué à près de 10 millions de dollars – devrait difficilement passer inaperçue.
« Ils sont prêts à dépenser davantage d’argent pour les détruire, de l’argent des contribuables américains, alors qu’ils auraient pu les donner au gouvernement belge, à l’ONU ou même au gouvernement français puisque la politique de Mexico ne s’applique pas à ces entités« , dénonce Sarah Chou, directrice du plaidoyer chez l’ONG britannique MSI (Marie Stopes International).
« Baisser les aides à la contraception est une honte, détruire des produits déjà fabriqués et financés est encore plus hallucinant », s’indigne Marine Tondelier auprès de l’AFP. La cheffe des Écologistes a interpellé Emmanuel Macron sur le sujet avec plusieurs de ses collègues dans une lettre ouverte.
L’indignation est d’autant plus grande que toutes les alternatives – rachat et reconditionnement, redistribution humanitaire, relocalisation temporaire – proposées jusqu’ici à la Maison Blanche se sont soldées par des échecs.
L’impuissance européenne
« Dans la mesure où les contraceptifs ne sont pas des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur et qu’en l’espèce nous ne sommes pas dans le cadre d’une tension d’approvisionnement, nous n’avons aucun moyen pour réquisitionner les stocks », ont déclaré les autorités françaises.
L’ironie de la situation n’échappe à personne : des contraceptifs financés par les contribuables américains pour aider les femmes les plus vulnérables de la planète finissent par être détruits au nom d’une idéologie qui nie leurs droits reproductifs.
« L’argument selon lequel la contraception n’est pas un médicament essentiel parce qu’il n’est pas curatif est décevant, car pour les femmes en Afrique subsaharienne, la contraception est une question de vie ou de mort« , rétorque Sarah Chou.