Nutri-score papers : la Commission européenne sous pression des lobbies ?

La Commission européenne entend renoncer à rendre obligatoire le Nutri-score, sous la pression des lobbies et de l’Italie. C’est qu’indique une nouvelle enquête de la cellule investigation de Radio France, qui s’appuie sur un document obtenu fin 2024 par l’ONG Foodwatch. Les agro-industriels Italiens, parmi les plus puissants de l’UE, craignent que leurs produits soient déclassés par rapport aux autres.

Est-ce bientôt la mort du Nutri-score ? Selon une nouvelle enquête de la cellule investigation de Radio France, qui s’appuie sur un document obtenu fin 2024 par l’ONG Foodwatch, la Commission européenne n’aurait pas l’intention de rendre obligatoire ce label dans les 27 pays de l’Union européenne (UE). En cause, une forte pression des lobbies agroalimentaires et de l’Italie, qui craint que ses produits soient déclassés par rapport aux autres.

Sept pays ont déjà adopté le Nutri-score en Europe

Développé en 2017 par une équipe de chercheurs de l’université Sorbonne-Paris-Nord, sous la direction du professeur Serge Hercberg, le Nutri-score est un étiquetage alimentaire permettant de connaître en un clin d’œil la valeur nutritionnelle d’un aliment (teneur en gras, sucre, sel…). Il repose sur 5 lettres (de A à E) et 5 couleurs (de vert à rouge). Cet affichage a déjà été adopté par sept pays de l’UE que sont l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, l’Espagne et la Suisse, en plus de la France. En Hexagone, 1400 marques ont apposé ce logo à ce jour sur leurs produits. Au moins 60% des aliments vendus en supermarché l’affichent sur leur emballage.

Une centaine d’études scientifiques démontrent les énormes bénéfices en matière de santé

Si les entreprises adoptent le Nutri-score, c’est parce que cet étiquetage a séduit les consommateurs. Et pour cause. D’après une centaine d’études scientifiques, il a d’énormes bénéfices en matière de santé. Les personnes qui consomment en majorité des aliments avec un bon Nutri-score auraient moins de risques de développer des pathologies chroniques, une maladie cardiovasculaire ou un cancer.

La Commission européenne veut proposer un autre Nutri-score

Malgré les bienfaits prouvés, les marques sont libres de l’afficher ou pas. Seule l’Union européenne peut rendre ce logo obligatoire. Sauf que la Commission recul sur ce point, selon l’enquête publiée cette semaine par la cellule investigation de Radio France, conduite par Géraldine Hallot. Les dirigeants européens souhaiterait précisément appliquer un autre Nutri-score qui satisfasse les puissants lobbies agroalimentaires et l’Italie de Georgia Meloni.

Rome estime que le Nutri-score nuira aux produits « made in Italy ».

Issue du parti d’extrême-droite Fratelli d’Italia, la Première ministre italienne estime que le Nutri-score nuira aux produits « made in Italy ». Son gouvernement et les entreprises nationales affirment même que ce logo est l’invention d’une multinationale qui veut porter un coup fatal aux produits italiens.

17 réunions avec des opposants au Nutri-Score, contre seulement 2 avec la société civile

Une campagne de lobbying très intense aurait été mise en place par Rome et les industriels italiens contre le Nutri-score. Résultat : la Commission européenne a cédé. Pour preuve, note Radio France, elle a eu 17 réunions avec des opposants au Nutri-Score ou des intérêts commerciaux et seulement 2 avec la société civile. Les détracteurs ont donc eu tout le temps d’exposer leurs arguments. Surtout les Italiens, qui estiment qu’il n’y a pas de preuves scientifiques derrière le Nutri-score alors qu’en réalité, aucune étiquette nutritionnelle n’a autant de preuves scientifiques que celui-ci, soutiennent ses concepteurs.

Ursula Von Der Leyen a-t-elle comploté avec Georgia Meloni ?

Une source au parlement européen a confié à Radio France que la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, avait besoin de Meloni pour être réélue, alors elle a cédé à ses exigences. Malheureusement – même si elle a été réélue – le parti de la Première ministre italienne a voté contre sa reconduction à la tête de l’exécutif européen en juillet 2024. Aujourd’hui, les députés Fratelli d’Italia ont une certaine influence à Bruxelles grâce à un jeu d’alliance.

Les ONG ont besoin de comprendre la reculade de la Commission européenne sur le Nutri-score

Si les dés sont pipés, les ONG de défense des consommateurs ne baissent pas les bras. Faute de voir le Nutri-score s’imposer en Europe, elles exigent de la Commission qu’elle rende accessibles deux documents clés. À savoir l’étude d’impact sur le logo nutritionnel qu’elle a réalisée en 2022 et l’avis du comité d’examen de la réglementation (CER). Devant la réticence réitérée de l’institution à publier ces textes, les associations ont saisi la médiatrice de l’Union européenne, qui leur a donné raison dans une décision récemment rendue. La médiatrice a écrit que les citoyens ont le droit de savoir pourquoi une législation en faveur de leur santé et d’une meilleure alimentation a été retardée.

Auteur de l’article : EcoloBizz

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