Les fleurs sont-elles des tueuses méconnues ? Suite à l’enquête des deux médias au sujet de l’ancienne fleuriste nantaise Laure Marivain, le gouvernement a confié une mission à l’Anses pour évaluer les risques d’exposition aux pesticides dans le secteur de l’horticulture. Les résultats sont attendus dans deux ans.
Les fleurs du mal ! Et si Baudelaire avait raison dans un sens ? En effet, si les fleurs ont toujours symbolisé l’amour et la vie, elles peuvent aussi être toxiques, apportant la mort à celui qui les manipule trop souvent. Et pour cause : ces doux végétaux contiennent parfois des résidus de pesticides. Mais à quel seuil ?
L‘Anses doit évaluer les risques d’exposition aux pesticides dans les fleurs
C’est ce que veut savoir le gouvernement, qui a récemment confié une mission à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). L’organisme doit évaluer et réduire les risques d’exposition aux pesticides chez les fleuristes et les autres professions en lien avec les fleurs, comme les producteurs, grossistes et livreurs. Cette mission constitue une réponse à une saisine initiée par l’association écologiste Robin des Bois, membre du conseil d’administration de l’Anses. Elle a été signée le 10 décembre 2024 par le ministère du Travail et le ministère de l’Agriculture.
30 000 personnes travaillent dans l’horticulture en France
Pendant au moins 22 mois, l’Anses devra analyser et lister les produits à risque ainsi qu’identifier les différents métiers exposés. Elle devra également établir un protocole avec des toxicologues, épidémiologies et les autres spécialistes de l’hygiène au travail pour protéger les professionnels. Ces derniers seraient plus de 30 000, selon la Fédération française des artisans fleuristes. De nombreux tests seront menés, dont certains directement en boutique.
Attention fleuristes, prudence est mère de sûreté
Les équipes de l’Anses procéderont aussi à des prélèvements urinaires et sanguins. En attendant les conclusions de cette enquête, dans près de deux ans, les fleuristes et les autres acteurs du secteur de l’horticulture sont appelés à prendre des précautions. Ils sont invités à utiliser des patch pendant le travail et à porter des Equipements de Protection Individuelle (EPI), en particulier des gants et des combinaisons jetables.
Une Nantaise soupçonne les fleurs d’avoir tué sa fille
Après les professionnels, l’Anses pourrait s’intéresser aux risques pour les consommateurs et les bébés. Rappelons que la saisine de Robin des Bois fait suite à l’enquête de deux médias sur le drame d’une ancienne fleuriste nantaise appelée Laure Marivain. Celle-ci a perdu sa petite fille Emmy probablement à cause des pesticides. Elle a travaillé au contact des fleurs pendant toute sa grossesse. Sa fillette est morte d’une leucémie à 11 ans, après avoir longtemps souffert de ce mal.
Un mauvais bilan de santé et un placenta tout carbonisé
A sa naissance, Emmy présentait un mauvais bilan de santé. Mais ce qui a immédiatement attiré l’attention des médecins, c’est sa couleur violette et son placenta tout carbonisé. À tel point qu’une sage-femme a demandé à sa mère si elle se droguait pendant sa grossesse. Mais Laure Marivain n’a jamais bu ni fumé. Soupçonnant les effets des pesticides, la fleuriste a contacté des spécialistes pour avis. Convaincue par ces derniers, elle s’est ensuite entourée d’associations pour obtenir justice.
Une absence de règlementation sur les pesticides pour le secteur de l’horticulture
En décembre 2024, le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) a reconnu que les pesticides pouvaient être à l’origine de la mort de son bébé, au regard de sa profession peu encadrée. Contrairement aux agriculteurs, relativement protégés avec des seuils fixés par la loi, les professionnels de l’horticulture sont très exposés aux pesticides. Il n’existe aucune réglementation relative aux résidus de ces substances sur les fleurs coupées vendues dans le commerce en France aujourd’hui.
Les fleurs importées de pays qui utilisent encore des produits interdits en Europe
Ce vide s’explique en partie par le fait que plus de 80% des fleurs en Hexagone sont importées de pays ou on les cultive encore avec des produits interdits dans l’Union européenne (pays d’Afrique de l’Est et d’Amérique du Sud essentiellement). Pis, les professionnels de l’horticulture ne sont pas informés des risques encourus dans leur métier. Ainsi, ils ne portent pas d’équipement de protection et ne prennent aucune précaution. Pourtant, ils boivent et mangent au milieu de ces fleurs toxiques, pendant leur travail.