PFAS : la dépollution de l’Europe coûterait très chère

L’élimination de la pollution aux PFAS en Europe coûterait jusqu’à 100 milliards d’euros par an. C’est l’estimation faite par un consortium de 46 journalistes issus de 16 pays, qui ont enquêté pendant trois ans sur la pollution générée par ces « polluants éternels ».

Il faudra vider les caisses du Vieux continent pour s’en débarrasser. Selon un consortium de 46 journalistes – dont ceux de RTBF, Le Monde, Reporters United et France Télévisions – le coût de la dépollution aux PFAS en Europe s’élèvera à 100 milliards d’euros par an. Sur une période de 20 ans, un tel projet coûterait donc plus de 2 000 milliards d’euros. C’est quatre fois le PIB de la Belgique.

Le consortium a calculé les coûts de chaque étape nécessaire à la dépollution aux PFAS

Pour obtenir ces chiffres, le consortium de journalistes, réunis autour de l’initiative européenne d’investigation « The Forever Pollution Project », a calculé les coûts de chaque étape nécessaire à la dépollution. Il a pris en compte les honoraires de consultation, le coût des technologies de remédiation et le budget de surveillance des PFAS sur toute la durée de vie du projet, entre autres données.

Les investigateurs ont eu accès à 14 000 documents inédits

Aussi, les journalistes se sont appuyés sur plus de 14 000 documents inédits, dont la majorité provenait de 184 demandes d’accès à l’information. En outre, ils ont établi des scénarios de dépollution à partir des sites où les PFAS s’accumulent lorsqu’ils ne sont pas traités à la source : stations d’épuration, décharges et usines de production d’eau potable.

Les décharges illégales pas prises en compte

L’équipe de journalistes n’a récupéré aucune information sur les décharges illégales ou les stations d’épuration qui ne sont pas déclarées à l’Union européenne. Elle reconnaît donc que ses données comportent quelques lacunes. Néanmoins, le consortium estime que ses chiffres sont les plus complets du genre en Europe sur les PFAS.

Les PFAS très appréciés des industriels pour leurs nombreuses propriétés

Pour rappel, les substances per- et poly-fluoroalkylées (PFAS) sont un groupe de tensioactifs produits en masse pour la première dans les années 1950. Les industriels apprécient leurs propriétés antitaches, antiadhésives, anticorrosives, imperméables et résistantes aux fortes chaleurs.

Des molécules persistantes dans la nature

On retrouve les PFAS dans divers produits de consommation comme les poêles, les peintures et les emballages. Le problème majeur avec ces molécules c’est qu’elles sont très mobiles, ultra-persistantes et ne se dégradent pas facilement dans l’environnement. D’où leur surnom de « polluants éternels ». Cette particularité n’est pas sans conséquence. Des études ont récemment établi un lien entre ces substances chimiques et les cancers, mais également l’hypercholestérolémie et le faible poids à la naissance.

Les PFAS menacent l’environnement et les écosystèmes

Outre les problèmes sanitaires, les PFAS représentent également un danger pour l’environnement car ils contaminent les sols et les eaux pendant des décennies. Cette pollution persistante menace évidemment les écosystèmes. Et, comme si ce n’était pas suffisant, les « polluants éternels » constituent dorénavant un problème financier avec ce coût de 100 milliards par an pour espérer s’en débarrasser.

23 000 sites de pollution aux PFAS répertoriés en Europe

En Europe, on compte au moins 23 000 sites de pollution et 2 300 « hotspots », d’après la première saison de l’enquête collaborative Forever Pollution Project menée en 2023. Pour décontaminer les sites, plusieurs méthodes plus ou moins efficaces sont proposées. On évoque notamment l’osmose inverse, mais qui serait énergivore et onéreuse. Il y aussi et surtout le charbon actif, la solution la plus répandue.

Faut-il appliquer le principe du « pollueur payeur » ?

Toutefois, certains politiques et les activistes demandent qu’on interdise tout simplement les « polluants éternels « pour éviter de devoir payer chaque année 100 milliards d’euros pour les éliminer de nos eaux et de nos sols. Mais cette proposition a peu de chance d’aboutir face aux puissants lobbys industriels qui commandent souvent des contre-études « scientifiques » sur les effets réels des PFAS. Une autre solution, plus conciliante, serait d’appliquer le principe du « pollueur payeur ». Autrement dit, les entreprises qui polluent le plus devraient payer pour la décontamination.

Auteur de l’article : EcoloBizz

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