Aristide Kamla, un biologiste marin camerounais, œuvre à la protection des lamantins d’Afrique, des mammifères aquatiques inconnus, mais dont l’existence est menacée. Le scientifique de 39 ans a reçu en 2024 un Whitley Award, la plus haute distinction dans le monde de la conservation de la biodiversité.
Cousins des dugongs, les lamantins sont des mammifères aquatiques vivant principalement dans les eaux douces de la côte ouest du continent africain, de la Mauritanie à l’Angola. Ce gros herbivore marin, à l’air sympathique, est malheureusement considéré comme une espèce menacée. Il figure sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature.
Les lamantins victimes du braconnage et de la pêche
Les Trichechus senegalensis sont en grande partie victimes du braconnage et de la pêche traditionnelle. Certains villageois en font un mets de choix. Ils n’hésitent donc pas à les attraper dans leurs filets, au grand dam des défenseurs de cette espèce qui craignent leur disparition d’ici quelques années.
Aristide Kamla, protecteur des lamantins africains
Au Cameroun, un jeune scientifique a décidé de se battre pour la préservation des lamantins, plus connus par les locaux sous le nom de « vaches de mer ». Il s’appelle Aristide Takoukam Kamla, docteur en biologie marine de l’Université de Floride, qu’il a rejoint grâce à une bourse d’étude Fulbright. Il a obtenu sa maîtrise à l’Université de Dschang, au Cameroun,
Récompensé du prix Whitley Award
Aux États-Unis, Aristide Kamla a été proclamé docteur en 2019. Sa recherche doctorale portait sur la diversité génétique, le régime alimentaire et la qualité de l’habitat du lamantin africain dans l’aval du bassin versant de la rivière Sanaga, au Cameroun. Grâce à cette recherche, il a reçu en 2024 un Whitley Award, la plus haute distinction dans le monde de la conservation de la biodiversité.
Les lamantins, une espèce peu connue et étudiée
Aristide Takoukam Kamla étudie les lamantins dans son pays depuis près de dix ans, en tant qu’étudiant et assistant chercheur à l’Université de Dschang. Il parcourt les eaux sombres du lac Ossa, situé dans un parc naturel du sud-ouest du Cameroun, pour en savoir un peu plus sur cet animal. C’est une espèce très peu étudiée, dont on ignore encore beaucoup de chose, concède le chercheur.
Aristide Kamla sensibilise les pêcheurs traditionnels
Il arrive qu’Aristide Takoukam Kamla fasse de la sensibilisation auprès des pêcheurs qu’il rencontre sur le lac Ossa. Ces personnes viennent principalement de Dizangué, commune qui regroupe des villages de pêcheurs. S’il y a quelques années ces pêcheurs dégustaient encore des mets à base de lamantins, ils ont mis fin à cette consommation en prenant conscience de la vulnérabilité de ces animaux.
La pollution des eaux constitue également une menace pour les lamantins
Mais il n’y a pas que les habitudes gastronomiques qui menacent la survie des lamantins. Aristide Takoukam Kamla s’inquiète aussi de la pollution générée par une raffinerie d’huile de palme artisanale en amont du lac Ossa. Avec les employés de cette usine, les échanges sont parfois houleux. Qu’importe, le biologiste ne se laisse pas faire car son combat est noble.
Aristide Kamla a restauré l’écosystème du lac Ossa
Une autre source d’inquiétude a été neutralisée il y a trois ans : la Salvinia géante invasive. Aristide Kamla a réussi à stopper l’impact dévastateur de cette plante sur l’écosystème du lac Ossa, grâce à l’introduction du charançon de la Salvinia. Cette victoire a contribué à réduire considérablement la plante envahissante. L’action du scientifique a non seulement permis de restaurer l’écosystème du lac, mais également de sauvegarder les moyens de subsistance des communautés locales.
Création d’une ONG pour la protection des espèces sauvages d’eaux douces
Toujours aussi engagé, Aristide Takoukam Kamla a fondé l’organisation à but non lucratif African Marine Mammal Conservation Organisation (AMMCO), qui mène des projets de recherche et de conservation des lamantins africains. Cette ONG œuvre à la protection d’autres espèces sauvages des eaux douces comme les tortues marine et les cétacés. En outre M. Kamla a développé plusieurs applications mobiles pour aider à la recherche et à la conservation de la faune aquatique.
Aristide Kamla, une source d’inspiration pour les jeunes Africains
Actuellement, le biologiste camerounais partage sa passion. Il encadre une dizaine d’étudiants en Master en Afrique dans le domaine de la recherche aquatique. Pionnier de la conservation des espèces marines en Afrique, Aristide représente un symbole d’engagement pour les jeunes africains et un phare de la lutte pour la protection de l’environnement sur le continent.
