Une étude collaborative, conduite par le collectif citoyen « Ozon l’eau Saine », confirme la contamination massive aux PFAS des sols au sud de Lyon. Les valeurs les plus élevées, au-delà de 100 microgrammes, se situent à proximité des usines du groupe Arkema mis en cause dans cette affaire.
Mercredi 18 décembre, le collectif citoyen « Ozon l’eau saine » et le professeur Sébastien Sauvé, mondialement reconnu pour ses recherches sur les micropolluants, ont présenté dans la région de Lyon (Rhône-Alpes) les résultats d’une étude collaborative sur la présence des PFAS dans les sols au sud de la ville. Leurs conclusions confirment les inquiétudes des riverains. A savoir qu’il y a bel et bien une contamination massive aux polluants éternels autour de la plateforme industrielle Arkema d’Oullins-Pierre-Bénite et au-delà.
Près de 300 prélèvements réalisés à proximité et au-delà
Cette enquête repose sur l’analyse, par l’Université de Montréal, d’échantillons collectés et envoyés par des habitants, menés par le collectif citoyen « Ozon l’eau saine ». Il s’agit précisément de 210 prélèvements de sol sur 60 communes et de 47 échantillons d’eau (ruisseaux, rivières, étangs, privés et robinets) sur une dizaine d’autres. L’examen de ces échantillons a permis de retracer l’origine des PFAS. Aussi appelés polluants éternels, ces substances se dégradent peu dans l’environnement et sont soupçonnées de provoquer des cancers.
Présence de PFAS, en particulier des molécules liées au Surflon
L’analyse des échantillons par l’Université de Montréal confirme que les PFAS, en particulier les molécules liées au Surflon, proviennent des usines Arkema et Daikin de Pierre-Bénite. Dans son exposé, Sébastien Sauvé a déclaré que les concentrations étaient plus ou moins importantes selon que les prélèvements ont lieu à proximité des sites ou plus loin. « Presque rien dans les sols autour de Lyon n’est à moins de 2 microgrammes », a relevé le chercheur canadien.
Plus on approche des usines, plus les concentrations en PFAS sont fortes
Sébastien Sauvé précise que des résultats de 0,5 à 2 microgrammes par kilo correspondent à un échantillon propre ; au-dessus de 10, c’est tolérable ; mais à partir de 50 ou 100, c’est très contaminé. Selon lui, environ trois quarts des sols testés sont entre 2 et 10, et la moitié entre 6 et 10. Ces valeurs dites grises (dans la limite du tolérable) se situent dans des zones éloignées des usines Arkema et Daikin. Lorsqu’on approche de ces sites – jusqu’à 15 kilomètres – les concentrations deviennent énormes.
Une expertise indépendante demandée par un juge lyonnais en août
En effet, tous les points au-delà de 100 microgrammes se trouvent à proximité des usines. L’eau d’un puits à Chasse-sur-Rhône présente même des valeurs au-delà de 700 microgrammes ! « J’espère que cela va déclencher un sursaut des autorités. On attend des analyses plus poussées », avance Louis Delon, du collectif Ozon l’Eau Saine. Notons qu’en août 2024, un juge des référés de Lyon a ordonné une expertise indépendante pour évaluer la responsabilité de Daikin et Arkema dans la pollution aux PFAS, en aval de la ville rhodanienne. Les résultats sont attendus d’ici le 31 décembre 2025.