Des membres du collectif Scientifiques en rébellion ont été jugés, vendredi dernier, par le tribunal correctionnel du Havre, pour avoir mené en mai 2023 une action contre un terminal méthanier de TotalEnergies. Des amendes ont été requises contre eux, mais la décision sera rendue le 10 février 2025.
Seize personnes, pour la plupart des membres du collectif Scientifiques en rébellion, ont été jugées vendredi 6 décembre par le tribunal correctionnel du Havre pour avoir mené en mai 2023 une action contre l’implantation du terminal méthanier de TotalEnergies. Des peines d’amendes ont été requises contre elles, mais la décision finale interviendra le 10 février 2025.
Les Scientifiques en rébellion jugés pour « entrave à la circulation »
Le 12 mai 2023, des membres du collectif Scientifiques en rébellion avaient fait irruption au niveau de l’écluse François Ier, qui marque l’entrée dans la zone portuaire du Havre, pour bloquer momentanément le terminal méthanier en construction du géant des hydrocarbures TotalEnergies. Cette action leur avait coûté une garde à vue le soir même. Mais il a fallu attendre ce vendredi 6 décembre pour les juger pour « entrave à la circulation ».
Une action respectueuse des biens et des personnes
La procureure a requis 200 euros d’amende pour quinze des prévenus et 400 euros pour le seizième. La représentante du parquet a déclaré, lors de l’audience, que l’infraction est caractérisée en raison du blocage de l’écluse. « Il y a la loi et personne ne peut s’y soustraire », a-t-elle dit, selon des propos rapportés par l’AFP. L’avocate des militants, elle, a plaidé la relaxe, en invoquant « une action respectueuse des biens et des personnes ».
Dénoncer le développement criminel d’un nouveau terminal méthanier par TotalEnergies
De son côté, l’association de défense des océans Bloom, qui soutient les prévenus, explique dans un communiqué que cet assaut visait « à dénoncer le développement criminel d’un nouveau terminal méthanier par TotalEnergies ». La compagnie pétro-gazière n’a évidemment pas apprécié. Elle est régulièrement prise pour cible par les défenseurs de l’environnement, comme les « Scientifiques en rébellion », un mouvement militant proche d’Extinction Rebellion.
Les Scientifiques en rébellion déjà jugés pour être entrés dans un musée
Le collectif Scientifiques en rébellion est issu de l’appel d’un millier de scientifiques à la désobéissance civile, publié dans le journal Le Monde en février 2020. Il a déjà mené d’autres actions qui ont conduit ses membres devant la justice. Le 9 avril 2022, par exemple, une trentaine de ces activistes et des membres d’Extinction rébellion étaient entrés dans la galerie de paléontologie et d’anatomie comparée du MNHN pour alerter sur l’effondrement de la biodiversité et la crise climatique.
Relaxés au nom de « l’état de nécessité »
Dans ce musée, les Scientifiques en rébellion se sont installés au pied d’un squelette de mammouth, symbole de l’extension en masse des premiers êtres vivants. Huit d’entre eux ont été jugés au tribunal judiciaire de Paris le 30 novembre. Ils avaient défendu un acte utile et proportionné pour toucher un public différent. Si le procureur leur a rappelé qu’il y a d’autres moyens à la limite de la légalité pour protester, il les a cependant relaxés au nom de « l’état de nécessité ». Ce motif nouveau veut qu’une personne ne soit pas pas responsable pénalement si elle agit pour mettre en garde contre un danger réel, comme l’urgence climatique.