Plus de 170 pays sont réunis depuis lundi en Corée du Sud pour adopter un traité mondial contre la pollution plastique, avant le 1er décembre. Mais, à la veille de l’échéance, les discussions coincent car deux camps s’opposent. L’un appelle à la réduction de la production ; l’autre souhaite l’inverse. Cette divergence de vue pourrait occasionner une session supplémentaire.
Les délégués de plus de 170 pays et plus de 600 ONG observatrices sont réunis depuis lundi à Busan, en Corée du Sud, pour négocier un traité mondial contre la pollution plastique, avant le 1er décembre. Mais, jusqu’à ce vendredi, les discussions au sein des quatre groupes de contact chargés de rédiger les termes du futur texte. Et pour cause, deux camps s’opposent.
La France fait partie des pays en faveur d’une réduction du plastique
D’un côté, la « coalition de la haute ambition », qui regroupe des pays œuvrant pour mettre fin à la pollution plastique d’ici 2040. Coprésidé par la Norvège et le Rwanda, ce groupe compte environ 75 membres, dont la France, l’Allemagne, le Sénégal et le Pérou. Ces Etats appellent à un usage raisonné, à la réduction des produits chimiques problématiques ou encore à l’application du principe du pollueur-payeur.
Les Etats pétroliers soutiennent la production du plastique
De l’autre côté se trouvent les pays producteurs de pétrole et les compagnies pétrolières. Ceux-ci voient dans le plastique une voie de reconversion, alors que les combustibles fossiles sont amenées à perdre du terrain face à l’électrique et aux autres énergies renouvelables. Parmi les Etats qui soutiennent la production du plastique figurent ceux du Golfe, menés par l’Arabie saoudite. Il y a aussi la Russie, l’Inde, l’Iran ou encore le Brésil.
Plaidoyer pour l’amélioration du ramassage et du recyclage
Ces pays mènent un lobbying intensif pour diluer le traité. L’Arabie saoudite, l’Iran et la Russie, en particulier, souhaitent des modifications importantes, dont la suppression d’une partie du texte visant à limiter la production de nouvelles matières. Ryad estime que le traité, en l’état, risque de créer des perturbations économiques. Il prône plutôt l’amélioration du ramassage et du recyclage, alors que seul 9% du plastique mis en circulation finit recyclé, selon l’OCDE.
460 millions de tonnes de plastique produites chaque année
Dans ce contexte, la « coalition de la haute ambition » juge insuffisant de promouvoir le traitement de cette matière sans réduire sa production. Elle le pense d’autant que la production mondiale ne cesse de croître. Aujourd’hui estimée à environ 460 millions de tonnes, elle risque de tripler d’ici 2060, d’après les projections de l’OCDE. Les technologies ne suffiront donc pas pour venir à bout de ce fléau, estime la coalition. Il faudra impérativement réduire les volumes.
Accentuation du réchauffement climatique et risque pour les écosystèmes
L’augmentation de la pollution plastique engendrera irrémédiablement une hausse des émissions de gaz à effet de serre, donc une accentuation du réchauffement climatique. Les déchets plastiques accumulés dans nos océans et nos rivières mettront aussi en danger la santé des écosystèmes et des populations humaines. De telles perspectives rendent nécessaires l’adoption du traité mondial contre le plastique. Malheureusement les intérêts des pays pétroliers font piétiner les discussions, ouvrant la possibilité d’un nouveau round de négociations.