Depuis deux ans, la filière bio traverse une crise majeure. Les ventes ne cessent de baisser et les surfaces agricoles de diminuer. Pour relancer ce marché, la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH) fait plusieurs propositions. Elle appelle en particulier à mobiliser de nouveaux débouchés dans la restauration et la grande distribution.
En juillet 2023, les ventes de produits bio sont passées sous la barre des 4% du total PGC FLS en grande distribution, d’après l’institut Circana. Elles n’avaient jamais atteint ce niveau depuis 2018, quand le secteur connaissait un essor fulgurant. Mais ce chiffre n’est que la partie visible d’une crise profonde qui dure depuis deux ans. En effet, le label bio ne séduit plus vraiment et les ventes ne cessent de chuter. Face au désintérêt croissant des consommateurs, les producteurs sont contraints de revoir leur copie.
Forte baisse des surfaces agricoles converties
Ils ne pensent plus à une extension de leur superficie. Ainsi, le nombre de surfaces agricoles en première année de conversion biologique a diminué de 40% en 2022 par rapport à 2021. Quant aux déconversions (les retours de terres bio à l’agriculture conventionnelle), elles ont augmenté de 35% sur la même période. Conséquence : la France ne possède que 10,7% de surfaces agricoles biologiques, alors qu’elle aurait dû atteindre 15% en 2022, conformément aux objectifs du Plan ambition bio.
L’inflation, principale cause de la chute des ventes
Les pertes économiques, elles, s’élèvent entre 250 et 300 millions d’euros pour les agriculteurs. Ce manque à gagner s’explique par le déclassement des productions biologiques, aujourd’hui largement vendues hors label bio. Selon les professionnels, la filière souffre d’abord de l’inflation persistante. Face à la flambée des prix, les Français se tournent désormais vers les produits moins chers. Or le bio a des tarifs plus élevés que ceux du conventionnel, à cause de son mode de production. Celui-ci nécessite plus de main d’œuvre et offre de plus faibles rendements.
De la difficulté d’identifier le bio des autres labels
Le bio est également victime de la concurrence féroce de produits alternatifs. En particulier les labels dits éthiques et durables (Label Rouge, AOP, Haute Valeur Environnementale) et les produits locaux considérés comme plus écologiques car cultivés à proximité de chez soi. Par ailleurs, il existe une véritable confusion chez le consommateur entre toutes ces étiquettes. Il ne sait pas toujours où se trouve le bio et comment le définir.
Renforcer le budget de l’Agence Bio
A la veille d’un nouveau Plan ambition bio du ministère de l’Agriculture, la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH) passe à l’action. Elle propose des solutions pour sortir le bio de la crise. L’institution préconise en premier lieu de renforcer les budgets de l’agence Santé publique France et de l’Agence Bio pour mener des campagnes d’information. Elle recommande ensuite de trouver de nouveaux débouchés pour augmenter les conversions des terres agricoles.
Augmenter l’offre bio dans la restauration
Selon la FNH, la restauration collective publique doit proposer 50% de produits durables dans son offre alimentaire, dont 20% de bio, pour inverser la tendance négative. C’est d’ailleurs le taux que fixe la loi Egalim. Or actuellement, le bio ne pèse que 6% de l’offre. La FNH appelle également à imposer le même pourcentage à la restauration commerciale (hôtels, cafés, restaurants). Ce qui permettrait d’atteindre au moins 14% de surfaces agricoles biologiques en 2027.
Réduire les marges des distributeurs
En outre, la FNH réclame plus d’efforts de la part de la grande distribution, qui fournit la majeure partie de l’alimentation des Français. Elle estime que les retailers pourraient promouvoir davantage le bio, sans rogner sur la rémunération des agriculteurs. La FNH exige même plus de transparence sur leurs bénéfices et une réduction de leurs marges au profit de la filière bio. L’activation de tous ces débouchés serait nécessaire à la survie du secteur bio.