Des chercheurs ont mis au point une nouvelle neuroprothèse permettant à une personne atteinte de la maladie dégénérative de Parkinson de remarcher presque normalement. Un Bordelais d’une soixantaine d’année a été le premier bénéficiaire de ce dispositif. Des essais cliniques sur un plus grand nombre de patients sont attendus avant une éventuelle commercialisation.
La maladie de Parkinson est l’une des pires pathologies de notre époque. Au moins 90% des personnes qui en sont atteintes connaissent de gros problèmes de coordination, notamment au niveau de la marche. Heureusement, un espoir point à l’horizon.
Une prouesse de scientifiques de l’Inserm et du CNRS
En effet, une équipe de chercheurs français et suisses annoncent la conception d’une nouvelle neuroprothèse permettant à un malade de Parkinson de marcher à nouveau avec fluidité. Les résultats de leurs études ont été publiés dans la revue « Nature Medicine », le lundi 6 novembre 2023. Dans cet article, les neuroscientifiques de l’Inserm et du CNRS et des neurochirurgiens suisses ont détaillé le processus de développement de leur prothèse.
Combinaison d’un champ d’électrodes et d’un générateur d’impulsions électriques
Le dispositif se compose de deux parties. D’une part, d’un champ d’électrodes placé contre la région de la moelle épinière responsable de la marche. D’autre part, d’un générateur d’impulsions électriques (un rectangle de quelques centimètres) inséré sous la peau de l’abdomen. Grâce à une stimulation électronique de la moelle épinière, l’appareil envoie des signaux électriques qui se surimposent aux signaux dégradés provenant du système nerveux du malade.
Possibilité de commander précisément un membre
En amplifiant ces signaux, la neuroprothèse motive l’activation des muscles des jambes et contribue à la restauration d’une marche naturelle. Aussi, permet-elle à la moelle épinière de s’adapter en temps réel aux mouvements du patient, qui peut commander précisément un membre ou une partie de son corps. Les chercheurs français et suisses ont d’abord développé et testé leur invention sur un primate.
Une première expérience sur un primate
Ils ont reproduit sur ce patient non humain les déficits locomoteurs liés à la maladie de Parkinson. Puis ont placé le dispositif sur lui le sujet avec ses deux composantes. Selon les scientifiques, les résultats ont été concluants. Le dispositif a non seulement permis d’atténuer les déficits locomoteurs, mais a également aidé le primate à rétablir sa capacité de marche en diminuant les phénomènes de freezing. C’est-à-dire le fait pour des pieds de rester coller au sol pendant la marche.
Puis sur un humain atteint dela maladie depuis trente ans
Ce test prometteur a ouvert la voie à un développement clinique pour tester le dispositif chez un patient humain. Marc, un Bordelais de 62 ans a été la première personne à bénéficier de cette invention. Il souffrait de la maladie de Parkinson depuis plus de trente ans quand il a appris la conception de la neuroprothèse. C’est en 2021 que le sexagénaire s’est rendu au Centre hospitalier universitaire vaudois de Lausanne pour en être équipé.
Une marche fluide après quelques semaines de rééducation
Grâce à l’implant, Marc a rapidement vu ses troubles de locomotion s’estomper. Après quelques semaines de rééducation, il a retrouvé une marche presque fluide. S’il chutait quatre à cinq fois par jour auparavant, le Bordelais ne flanche plus qu’une ou deux fois par semaine. Il pouvait à nouveau faire ses courses comme tout le monde. Une grande joie pour lui. « Maintenant, je peux marcher d’un point à un autre sans me soucier de la façon dont je vais y arriver », a-t-il confié heureux à l’AFP.
Une stimulation plus ciblée qu’avec les précédents dispositifs
Notons que des tentatives de stimulation de la moelle épinière ont déjà eu lieu, mais elles ont toutes échoué. En cause, la simulation qui se faisait en bloc sur les centres locomoteurs. Ce qui produisait plus de crampes que de mouvements coordonnés. Dans le cas des chercheurs suisses et français, il s’agit d’une stimulation qui se superpose au fonctionnement naturel des neurones de la moelle. Accompagnée d’une coordination spatiotemporelle, elle se veut plus précise car ne ciblant que les différents groupes musculaires responsables de la marche.
Des essais cliniques plus larges attendus
La neuroprothèse des chercheurs français et suisses offre de nouvelles perspectives pour le traitement des troubles de la marche dus à la maladie de Parkinson. Toutefois, pour l’instant, le concept thérapeutique n’a démontré son efficacité que chez une personne. L’équipe de scientifiques va donc poursuivre l’expérience sur un groupe de six malades l’année prochaine. Puis, lancera un essai multicentrique de 20 personnes, à Lausanne, Bordeaux et New York. Objectif : trouver des résultats similaires et optimiser le dispositif. Une commercialisation est envisagée d’ici quatre à cinq ans, si les résultats positifs sont confirmés.