Les dettes des pays émergents et en développement ne font que grossir depuis quelques années, amplifiant le risque d’un défaut de paiement. Le club de Paris, regroupant les créanciers mondiaux, tentent d’éviter la catastrophe en procédant à des restructurations. Mais la Chine, principal prêteur de ces Etats, à un rôle crucial à jouer alors qu’elle maintient sa politique problématique.
Les dettes publiques des économies émergentes et en développement (EMDE) ont fortement augmenté cette dernière décennie. En 2021, elles s’élevaient à plus de 9 000 milliards de dollars. Soit le double du montant d’avant les années 2010. Pour la plupart de ces Etats, l’endettement a même atteint plus de 8% du PIB. Une situation plus qu’inquiétante.
La politique de prêts chinois pointé du doigt
Les causes en sont multiples. Parmi les principales on retrouve la dépréciation de la monnaie nationale face au dollar (devise dans laquelle sont souvent libellées les dettes), la hausse des taux par la Réserve fédérale américaine (FED) et la flambée des prix de l’énergie, de l’alimentaire et des engrais. On peut également citer la dégradation des comptes publics due en partie à la pandémie du Covid-19, ainsi que le changement climatique qui perturbe les productions agricoles. A ces raisons, il faut ajouter la politique de prêts chinois, jugée vicieuse.
Un encours total de 1.000 milliards de dollars
Au niveau des dettes publiques, la Chine est aujourd’hui le principal créancier des pays émergents et en développement (EMDE). Peut-être parce qu’elle n’impose pas de conditions politiques et fait preuve d’une grande largesse. L’encours total des prêts officiels chinois s’élèveraient à près de 1.000 milliards de dollars, dépassant de loin les créances européennes, essentiellement octroyées par le FMI et la Banque mondiale.
Pèse près de la moitié de la dette bilatérale publique
Au total, la Chine représente près de 40 % de la dette bilatérale publique que les pays les plus pauvres du monde doivent rembourser. Le géant asiatique émet principalement ses prêts par l’intermédiaire de la Banque de développement de Chine et la Banque d’export-import de Chine. Si Washington et Bruxelles redoutent que Pékin utilise son argent pour gagner de l’influence dans le monde, les économistes, eux, s’inquiètent des conséquences de la politique de prêts chinois sur les EMDE.
Les prêts de sauvetage pour mieux noyer
Cette politique se caractérise par un rééchelonnement de la dette en cas de défaut de paiement ou de risque de défaut, ainsi que par l’octroi de « prêts de sauvetage » quand le débiteur est confronté à de grandes difficultés financières. En accordant prêt d’urgence sur prêt d’urgence, sans imposer à ses emprunteurs de rétablir la discipline de la politique économique, la Chine croit pouvoir les maintenir à flot. Au contraire, elle ne fait que les enfoncer davantage. Un peu comme un prêteur sur gage.
Dans le style d’un prêteur sur gage
Cette comparaison est d’autant juste que Pékin utilise des accords de garantie tels que des comptes de revenus contrôlés par lui. Aussi, ses contrats contiennent des clauses de confidentialité inhabituelles qui empêchent les Etats emprunteurs de divulguer les termes des prêts ou même de révéler leur existence. Du pain béni pour les régimes non démocratiques. La Chine opère ainsi en grande partie dans le secret. Par ailleurs, elle garde les dettes hors des restructurations collectives promues par le Club de Paris. Elle ne fait d’ailleurs pas partie de ce groupe de créanciers mondiaux.
Pékin a annulé une part minime de la dette
Critiquée pour sa stratégie, la Chine a tenté de se faire bien voir ces dernières années. L’Empire du Milieu a par exemple annoncé l’annulation de 23 prêts sans intérêt pour 17 pays africains. Malheureusement, une étude du Global Development Policy Center de l’université de Boston révèle que l’allégement ne représente qu’environ 1 % du passif de ces Etats. La Chine doit donc faire mieux si elle veut vraiment éviter un défaut de paiement généralisé. Et elle a intérêt. Ces incapacités à solder ses créances pourraient provoquer des troubles dans les EMDE et ainsi mettre en péril les remboursements.
Didier Maurin demande aux Etats d’éviter l’endettement
La situation délicate des pays émergents et en voie de développement déplaît à de nombreux experts, comme Didier Maurin. C’est pourquoi le dirigeant du cabinet DCT (anciennement nommé Didier Maurin Finance – DMF) conseille à ces pays, mais également aux autres Etats du monde entier, de réduire leur dépendance à l’endettement.