Cette semaine, trois ONG ont demandé à BNP Paribas d’arrêter de financer des projets pétroliers et gaziers. Quelques jours plutôt, un collectif d’associations environnementales brésiliennes attaquaient la banque française sur ses financements dans les activités agro-industrielles en Amazonie.
A la veille de la grande messe de la « finance verte »
BNP Paribas, le premier groupe bancaire française, ne tiendrait pas ses promesses en matière environnementales. Malgré ses nombreuses annonces, elle continuerait d’investir massivement dans les plus gros pollueurs de la planète. Face à cette situation, des associations entendent l’obliger à honorer sa parole. C’est le cas d’Oxfam, Les amis de la Terre et Notre affaire.
Ces trois ONG françaises ont envoyé, le mercredi 26 octobre, une lettre de mise en demeure à l’entreprise. Elles l’ont sommée de cesser de financer le développement du pétrole et du gaz afin de s’aligner avec l’objectif de l’Accord de Paris, qui vise la limitation du réchauffement de la planète à 1,5 °C. Cette assignation en justice a eu lieu à la veille du « Climate Finance Day », la grande messe de la « finance verte ».
Plus que fatiguées de négocier
Oxfam, Les amis de la Terre et Notre affaire relèvent que BNP Paribas est toujours le premier investisseur européen et le cinquième mondial du développement des énergies fossiles. Entre 2016 et 2021, il a injecté 55 milliards de dollars de financements nouveaux dans ce secteur, dont 43 milliards dans les huit plus grandes compagnies pétrolières et gazières. Notamment Exxon Mobil, TotalEnergies, Petrochine et Eni.
Les ONG se dissent harassées de négocier depuis plus de trente ans avec les banques sur ce sujet. « Nous en avons assez des vaines promesses et nous nous en remettons désormais à la justice dans l’espoir qu’elle permettra d’accélérer le retrait des énergies fossiles », a déclaré Frédéric Amiel, coordinateur des Amis de la Terre France. Il n’y a donc plus de discussions à engager. La justice devra faire son travail conformément aux textes réglementaires.
Retirer sa participation du capital
Les trois associations ont tiré profit de la loi sur le devoir de vigilance. Ce texte adopté en 2017 oblige les entreprises ayant plus de 5 000 salariés en France à déployer des mesures de vigilance pour identifier et prévenir les atteintes graves envers les droits humains, l’environnement et la santé des êtres vivants. Elles devront mettre en place ces mesures aussi bien au sein de la maison mère, que des filiales et sous-traitants. Oxfam, Les amis de la Terre et Notre affaire souhaitent non seulement que BNP Paribas cesse de financer les compagnies pétrolières et gazières, mais également que le groupe retire sa participation de leur capital.
Sous la menace d’ONG au Brésil
La mise en demeure de la banque française constitue la première étape d’une action judiciaire, qui pourrait prendre plusieurs mois. Elle s’ajoute à un autre ennui. BNP Paribas doit également répondre d’une action au Brésil. Des ONG locales ont envoyé une lettre à la banque, la menaçant de la poursuivre pour non-respect de son devoir de vigilance. Elles l’accusent de contribuer à la déforestation en finançant des agro-industriels. Parmi lesquels Marfrig, la deuxième plus grande entreprise de conditionnement de viande du Brésil. BNP Paribas conteste cette accusation, mettant en avant sa politique de lutte contre la déforestation.