Le parlement européen échoue à travers un vote négatif, dans une première tentative de modernisation de son cadre harmonisé de lutte contre les gaz à effet de serre.
Copie à revoir ! telle est à la mention décernée par le parlement européen à la proposition de loi destinée à mettre à jour le marché du carbone, mercredi 8 juin. Réunis en séance plénière à Strasbourg, les eurodéputés ont rejeté le texte à travers 340 voix contre, 265 pour et 34 abstentions.
L’issue du vote plutôt inattendu au regard de l’urgence de décarbonation de l’économie tant souhaitée par les scientifiques, les écologistes et autres activistes de l’environnement, reflète à la fois un profond désaccord idéologique entre les participants et une certaine hiérarchisation des priorités de la part des États européens à l’aune du conflit russo-ukrainien.
Des dissensions
Le document contenait en effet plusieurs propositions de réformes, dont celui relatif au système des quotas de CO2 et l’instauration tant attendue de la taxe carbone aux frontières de l’UE afin de réduire la pollution dite importée. Cela aurait notamment permis à l’Europe, troisième pollueur de la planète après la Chine et les États-Unis, de bien se positionner sur la trajectoire d’une réduction de 55 % d’ici 2030 de ses émissions de dioxyde de carbone. Autant de mesures visant à réduire l’empreinte carbone des pays européens.
Mais tous ne sont manifestement pas sur la même longueur d’onde. Les eurodéputés écologistes et leurs alliés socialistes ont retoqué le texte pour défaut d’ambition. La droite et l’extrême droite ont estimé a contrario qu’il aurait besoin d’être édulcoré, mettant en avant comme bien souvent, des considérations économiques. Il faut dire que la guerre entre la Russie et l’Ukraine et son corollaire en termes d’approvisionnement énergétique entre autres, rend davantage audible cet argument.
Coup d’arrêt
Hélas, le rejet de cette proposition de loi marque un coup d’arrêt pour le processus de décarbonation de l’Europe. D’autant que le compromis nécessaire à l’adoption du texte n’est pas garanti, avec l’activisme accru de nombreux lobbies de l’industrie, selon Reuters.
Il va pourtant falloir se hâter, car les Vingt-Sept souhaitaient à l’origine entamer l’année 2023 avec une nouvelle feuille route dans le cadre de leur virage pour plus d’énergie verte. À cet effet, le Français Pascal Canfin dont la Commission est chargée de revoir la proposition de loi espère une nouvelle mouture d’ici le 23 juin.