Le gaz trop souvent présenté comme l’énergie du futur est à mille lieues de tenir ses promesses pour une économie décarbonée. En cause, les nombreux obstacles à sa production propre.
L’hydrogène est vanté comme l’énergie susceptible de changer la donne dans la course pour une économie non-polluante et donc, respectueuse du climat. Un « game changer » qui vaut bien 10 milliards d’euros d’investissement en Allemagne et trois milliards de moins de la part de la France. Au sein de l’Union européenne, on ne cache pas son enthousiasme pour ce gaz en faisant de lui l’élément clé du plan carbone des Vingt-Sept. Et pourtant, le chemin vers l’hydrogène propre est encore bien loin. Et pour cause, chacune de ses différentes déclinaisons présente pour l’heure des caractéristiques susceptibles d’empirer ses incidences sur le climat.
À commencer par l’hydrogène gris dont l’inefficience concerne sa production à base de méthane, combustible dévastateur pour la planète à cause de son rôle majeur dans le réchauffement climatique. De quoi tempérer les satisfecit quant aux bénéfices de ce type d’hydrogène très largement répandu dans les industries aujourd’hui, notamment en raison de sa production peu coûteuse. Et de se tourner vers l’hydrogène bleu. Ce dernier produit en détournant grâce à des technologies dédiées, le CO2 émis par le gris pour le maintenir sous terre, a l’avantage de coûter deux fois moins cher que l’hydrogène vert, Graal pour l’instant inatteignable. Mais là encore, le bât blesse.
Alternative non moins problématique
Une étude américaine publiée dans Energy Science and Engineering en août dernier révèle en effet que si l’hydrogène bleu se caractérise effectivement par une faible émission des gaz à effet de serre, il n’en reste pas moins nuisible pour le climat. Puisque le gaz naturel servant à empêcher la diffusion du CO2 dans l’atmosphère rejette une trop importante quantité de méthane. Par ailleurs, le bénéfice-risque de l’hydrogène bleu est à peine plus important que celui du gris, selon les scientifiques qui estime ses rejets de dioxyde de carbone à 12% seulement de moins.
Investir dans le vert
D’où l’appel des chercheurs en faveur d’un investissement des pouvoirs publics sur l’hydrogène vert dont le coût reste, faut-il le rappeler, rédhibitoire. Mais le jeu ne vaut-il pas la chandelle ? Les avantages de cette énergie pour des secteurs aussi polluants que celui des transports ou des industries sont connus. Le procédé pour en faire une réalité aussi. Reste à consentir aux sacrifices nécessaires.