Depuis 2013, l’homme d’affaires malien Aliou Boubacar Diallo exploite la première unité de production d’hydrogène naturel au monde. Une nouvelle source d’énergie non polluante et renouvelable, qui pourrait révolutionner le secteur de l’énergie selon un consensus grandissant au sein de la communauté scientifique.
A Bourakébougou, au Mali, la production d’électricité est cinq fois moins chère que celle du marché national. Ce village, situé à soixante kilomètres au nord-ouest de Bamako, est le premier endroit au monde où de l’électricité est produite depuis des puits à hydrogène naturel, qui permettent de produire du dihydrogène pur à 98 %.
Une production pilote, qui permet déjà d’alimenter les habitations d’une centaine de familles, ainsi que de générer l’éclairage public du village. Mais qui devrait rapidement changer d’échelle, à en croire les premiers résultats des sondages et des campagnes sismiques qui indiquent une grande richesse en hydrogène dans la région.
Malgré la guerre, le Mali est aujourd’hui précurseur de cette révolution énergétique, se réjouit Aliou Boubacar Diallo. « L’hydrogène naturel est une opportunité pour le Mali qui, pour la première fois, est pionnier dans le monde dans un domaine de pointe : la production d’électricité sans émission de CO2. Tout le monde a peur de venir au Mali mais nous nous continuons d’investir à fonds perdus parce que nous croyons au potentiel de notre pays ».
Avant le Mali, des découvertes importantes en Russie
Les potentialités de l’hydrogène naturel font de plus en plus parler la communauté scientifique, longtemps sceptique sur l’existence même de flux d’hydrogène à l’état naturel, et qui a progressivement pris conscience de l’infini potentiel de l’hydrogène naturel, dans un monde préoccupé par les moyens de sauvegarder l’environnement et de lutter contre le réchauffement climatique.
Une position désormais assumée par l’Institut des sciences de l’univers (un laboratoire du CNRS) qui affirme « qu’il règne au sein de la sphère politique, des organisations écologiques, des analystes de l’énergie et des grands industriels un sentiment croissant selon lequel l’hydrogène représente le carburant de l’avenir et qu’il révolutionnera la façon dont nous produisons et consommons l’énergie ».
Le basculement s’est opéré en 2010. Cette année-là, des chercheurs russes ont réalisé une découverte phénoménale qui allait à l’encontre des théories dominantes : la terre produit de l’hydrogène naturel en grande quantité. Un phénomène mis en lumière en France par deux géologues, qui sont allés constater sur place les résultats des études russes, Éric Deville et Alain Prinzhofer.
Éric Deville et Alain Prinzhofer ont tiré de cette expérience un ouvrage remarqué, paru en 2015, « Hydrogène naturel. La prochaine révolution énergétique ? », dans lequel ils reviennent sur la découverte de l’hydrogène naturel et sur les opportunités offertes. Des possibilités qui font poser cette question aux deux scientifiques : « Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle révolution énergétique ? ».
Une source d’énergie aux multiples propriétés
L’utilisation de l’hydrogène naturel pour la production d’électricité, comme c’est le cas dans l’exploitation de Bourakébougou, n’émet aucun gaz à effet de serre. Un premier atout environnemental essentiel, alors que la recherche d’énergies propres est devenu un enjeu géopolitique, social et économique crucial.
Autre argument écologique de poids, il s’agit d’une ressource d’énergie renouvelable, qui est produite en permanence de manière naturelle par notre planète. Un atout qui est également économique : on dispose de manière illimitée de cette source d’énergie, les investissements peuvent donc se faire sur le long terme et être rentables. En limitant de surcroît les coûts de stockage.
D’ailleurs, selon les études, ces gisements sont présents sur tous les continents du globe, de manière diffuse. Un moyen d’en finir avec le monopole des pays producteurs d’énergie et d’offrir à chaque Nation son indépendance énergétique. Un avantage qui permet aussi de diminuer les couts de transport de l’électricité et les problèmes d’approvisionnement des populations.
Mais les possibilités de l’hydrogène ne se limitent pas à la production d’électricité, puisque ce gaz peut servir directement de combustible, et alimenter par exemple les réseaux gaziers utilisés pour le chauffage (première source de consommation énergétique des pays occidentaux) ou pour les nouveaux véhicules à hydrogène.