Selon une étude australienne, les hommes exposés au tabagisme passif pendant leur enfance pourraient transmettre des problèmes pulmonaires à leurs propres progénitures. La santé de ces derniers se dégradent davantage s’ils sont eux-mêmes soumis à ce tabagisme passif. L’équipe de recherche exhorte les pères à éviter de fumer en présence de leurs enfants pour rompre le cycle.
Les scientifiques savent depuis longtemps que le tabagisme passif (inhaler de la fumée de cigarette indirectement) peut avoir des conséquences sur la santé du non-fumeur. Celui-ci serait même plus exposé aux substances chimiques contenues dans un mégot que le fumeur lui-même. Mais les risques pour la santé ne s’arrêtent pas à lui, ils touchent aussi à ses progénitures, même quand l’exposition remonte à l’enfance.
Lien entre tabagisme passif dans l’enfance et transmission d’une mauvaise santé pulmonaire aux enfants.
C’est ce que suggère une nouvelle étude australienne publiée dans la revue Thorax. Cette recherche médicale menée par l’université de Melbourne démontre que les hommes exposés au tabagisme passif pendant leur enfance risquent davantage de transmettre une mauvaise santé pulmonaire à leurs propres enfants. Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont repris les données d’une étude longitudinale portant sur 890 pères dont les enfants sont nés au début des années 1960 en Australie.
Des pères et leurs enfants suivis sur une longue période
Les chercheurs ont suivi les pères jusqu’à ce que leurs enfants aient 53 ans, avec des contrôles à 13 et 18 ans puis 43, 50 et 53 ans par le biais d’une spirométrie. Les parents ont également dû répondre à une enquête sur la santé respiratoire de leur famille, et surtout sur l’exposition au tabac des enfants avant 5 ans et jusqu’à l’âge de 15 ans. Dans le cadre de cette étude, les scientifiques ont relevé le volume expiratoire maximal seconde (VEMS). C’est-à-dire la quantité d’air expulsée durant la première seconde d’une expiration rapide et forcée, réalisée après une inspiration maximale. Ils ont également mesuré la capacité vitale forcée (CVF). Soit le volume total d’air qu’une personne peut expirer de manière forcée après une inspiration profonde.
Les pères exposés dans leur propre enfance étaient plus susceptibles d’avoir des enfants souffrant de problèmes de santé pulmonaire
Ces deux indicateurs peuvent révéler des soucis de santé pulmonaire, notamment une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), qui est l’une des principales causes de décès dans le monde. Les chercheurs australiens ont constaté que les pères qui avaient été exposés au tabagisme passif dans leur propre enfance étaient plus susceptibles d’avoir des enfants souffrant de problèmes de santé pulmonaire pouvant durer jusqu’à l’âge adulte. À 53 ans, ces enfants avaient 56 % plus de risques d’avoir une mauvaise fonction pulmonaire, mesurée par le VEMS.
Les enfants des pères ayant subi un tabagisme passif plus exposés que les autres
Les scientifiques ont également découvert que les sujets étudiés étaient plus enclins à présenter des signes de déclin accéléré de leur fonction pulmonaire, et cela même si leur état ne répondait pas encore aux critères de la BPCO. Il n’y avait toutefois pas d’effet sur la CVF, constatent les chercheurs. Aussi, les enfants des pères ayant subi un tabagisme passif quand ils étaient petits avaient deux fois plus de risque de présenter une baisse précoce et rapide du coefficient de Tiffeneau (ratio VEMS/CVF). Cet indicateur permet d’évaluer le degré d’obstruction bronchique dans les maladies respiratoires comme la BPCO ou l’asthme.
Les chercheurs ne savent pas exactement pourquoi les conséquences se transmettent à la génération suivante
Autre enseignement, les effets de l’hérédité pulmonaire du tabagisme passif étaient encore plus marqués si les enfants avaient eux aussi grandi au contact de fumeurs. Par ailleurs, les chercheurs ont remarqué que les garçons exposés aux substances nocives présentes dans les cigarettes avant leur puberté pouvaient développer des altérations au niveau de leurs spermatozoïdes. Ce qui aurait une incidence sur les caractéristiques transmises à leurs propres progénitures.
En dépit de leurs observations, les auteurs ne savent pas exactement pourquoi les conséquences du tabagisme passif se transmettent à la génération suivante. Ils avancent toutefois une hypothèse : la période pré-puberté, particulièrement critique pour les garçons. Ceux-ci pourraient avoir subi des modifications de l’expression des gènes et des mécanismes de réparation pouvant ensuite devenir héréditaires.
Éviter le tabagisme passif à tout prix pour épargner ses enfants
Ces résultats confirment des recherches antérieures qui démontrent que les enfants ont un risque plus élevé de développer de l’asthme si leurs parents ont subi le tabagisme passif dans leur propre enfance. Pour les chercheurs australiens, ces conclusions sont importantes « du point de vue de la santé publique parce que l’exposition passive à la fumée touche environ 63 % des adolescents, ce qui est nettement plus élevé que les quelque 7 % touchés par le tabagisme actif ».
Si ces résultats sont frappants, ils doivent néanmoins s’interpréter avec prudence. En effet, les chercheurs rappellent que plusieurs autres facteurs peuvent entrer en jeu comme un lien génétique et un statut socio-économique. Néanmoins, prudence étant mère de sûreté, ils invitent les pères à ne pas fumer devant les enfants pour briser l’héritage pulmonaire.