Face aux cris de détresse des entreprises de collecte et de tri des vêtements usagés, le gouvernement a annoncé une revalorisation de la contribution textile payée par les marques de mode. Cet effort financier doit atteindre 223 euros la tonne en 2025 et 228 euros en 2026, contre 156 euros auparavant. Les acteurs de la filière saluent cette évolution du cadre réglementaire et ses implications en matière de RSE.
La filière de la collecte et du tri des vêtements connait une crise depuis un bon moment. Pour l’en sortir, le gouvernement a pris un arrêté ministériel confirmant la revalorisation de la contribution financière payée par les marques de mode pour le recyclage des vêtements usagés. Cet effort financier, qui s’aligne sur le principe du « pollueur-payeur », est reversé aux différentes entreprises du secteur par Refashion, l’éco-organisme en charge de la REP textile.
Les premiers versements de la contribution textile effectué début août
En vertu de ce nouvel arrêté ministériel, la contribution des marques de mode s’élève désormais à 223 euros la tonne en 2025, contre 156 euros auparavant, soit 49 millions d’euros injectés dans la filière. En 2026, le montant va même passer à 228 euros la tonne, représentant 57 millions de soutien prévisionnel. Selon une information du quotidien économique La Tribune, les premiers versements aux opérateurs ont débuté ce mois d’août, avec un calendrier échelonné jusqu’en janvier prochain. Pour 2026, les versements auront lieu en avril, juillet, octobre et janvier 2027.
La revalorisation de la contribution textile dans le sillage d’une promesse du ministère de la Transition écologique
Cette revalorisation de la contribution textile intervient après l’annonce par le ministère de la Transition écologique d’une aide financière destinée à soutenir la filière de la collecte et du recyclage des textiles et chaussures. Conformément à cette promesse, Refashion recevra une enveloppe de 15 millions d’euros. La ministre Agnès Pannier-Runacher précise qu’il s’agira pour l’eco-organisme de « consolider l’économie de la collecte, du tri, du réemploi et du recyclage sur le territoire national tout en renforçant notre capacité de gestion des textiles usagés ». Elle prévoit pour 2026 une nouvelle aide.
Le Relais a bloqué des sites de marques de mode en juin et juillet
Tous ces efforts visent à relever une filière du recyclage textile en crise. En 2023, seuls 36 % des 810 000 tonnes de textiles mises sur le marché en France ont été collectées, 14 % réemployées et 7 % recyclés, d’après un rapport du Sénat publié plus tôt cette année. L’acteur majeur du secteur Le Relais, qui emploie deux-tiers des salariés de la filière (2000 sur 3000), a alerté sur le fait que les centres de tri saturent, notamment du fait de la baisse de qualité des textiles collectés et de la réduction des débouchés internationaux. En particulier en Afrique, continent qui se tourne vers les friperies venues d’Asie en raison des prix abordables.
Une refonte plus globale du dispositif REP textile à partir du 1er janvier 2026
Pour bouger les lignes, Le Relais a suspendu une partie de ses collectes et organisé des actions de protestation en juin et juillet dernier devant différents sites de marques. L’entreprise a notamment déversé des tonnes de vêtements devant des magasins des enseignes Kiabi et Décathlon. Si les acteurs de la filière de la collecte et du tri saluent la revalorisation de la contribution textile comme une évolution importante du cadre réglementaire et un soutien clé à l’économie circulaire, ils relèvent qu’elle n’est qu’une mesure d’urgence. Ils appellent donc à une véritable réforme. Le gouvernement a déjà annoncé une refonte plus globale du dispositif REP textile à partir du 1er janvier 2026, qui pourrait impliquer de nouvelles obligations pour les producteurs en matière de RSE.