Droits de douane américains : l’inquiétude gagne les entreprises françaises

Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont conclu dimanche un accord fixant les droits de douane américains à 15% sur les exportations européennes vers les États-Unis. Si certains dirigeants du vieux continent préfèrent voire le verre à moitié plein, en pointant un arrangement qui offre stabilité et prévisibilité, les entreprises, elles, ne peuvent trinquer.

Dimanche 27 juillet, le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen ont conclu en Écosse un accord prévoyant des droits de douane de 15% sur les produits européens exportés aux États-Unis (sauf exception). Cet arrangement est intervenu alors que le locataire de la Maison Blanche menaçait d’imposer, dès ce vendredi 1ᵉʳ août, des surtaxes de 30% sur toutes les exportations européennes.

Les droits de douane américains visent de nombreux secteurs d’activité

Si Donald Trump a bien voulu réduire de moitié ses tarifs douaniers, le taux reste important par rapport à ce que le vieux continent avait connu jusqu’alors (5% sous l’administration Biden). Ainsi, plusieurs secteurs d’activité seront secoués, plus ou moins violemment. On pense en premier lieu à l’industrie pharmaceutique, qui a exporté pour plus de 120 milliards d’euros aux États-Unis en 2024, soit 22,5% du total des exportations, selon Eurostat.

Il y a ensuite le luxe et la mode. Selon la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA), l’accord commercial pourrait entraîner une perte annuelle de 300 millions d’euros d’exportations et menacer jusqu’à 5.000 emplois en France. Dès lors, l’organisation craint « une menace significative sur la compétitivité de l’industrie cosmétique française ».

Le luxe ciblé, mais LVMH croit pouvoir s’en sortir

Pour LVMH, géant mondial du luxe, un droit de douane de 15% ne serait pas si catastrophique. Le groupe de Bernard Arnault estime pouvoir compenser par une hausse de prix et une « optimisation de production » aux États-Unis, où il réalise un quart de ses ventes. Tant mieux pour lui, mais tout le monde n’a pas les mêmes leviers. C’est le cas des fabricants de parfums. Laurent Cohen, le PDG de Corania, craint une hausse des prix de vente aux États-Unis. Un parfum vendu par exemple à 20 dollars pourrait couter 23 dollars avec des droits de douane de 15%. « C’est un risque de perte de clientèle et de baisse de chiffre d’affaires », alerte-t-il.

Réduire les coûts de production pour minimiser l’impact des droits de douane ?

Pour minimiser les pertes, les parfumeurs envisagent de réduire leurs coûts de production, en retirant par exemple le suremballage qui n’est pas nécessaire et les cales à l’intérieur de l’étui. « Avoir des packagings plus légers, c’est un packaging qui va nous coûter moins cher », note Laurent Cohen. Selon le dirigeant, cette stratégie va permettre en même temps « de faire face aux nouvelles contraintes auxquelles sont soumises les entreprises européennes ». Mais rien ne garantit que cela suffira en cas de conflit commercial entre Washington et Bruxelles.

D’importantes pertes attendues chez les producteurs de vins et spiritueux

L’inquiétude se ressent également chez les producteurs de vins et spiritueux, concernés par les droits de douane punitifs de Donald Trump. Ils pourraient perdre gros car les États-Unis représentent leur premier marché à l’exportation (20,8% de part de marché global). En 2024, l’UE a exporté pour 8 milliards d’euros d’alcools au pays de l’Oncle Sam, dont plus de 5 milliards de vin. La France en pèse environ la moitié.

Les petites entreprises n’échapperont pas aux droits de douane

Quoi que peu exportatrices, les petites entreprises regroupées au sein de l’U2P appréhendent aussi avec crainte les tarifs douaniers de Washington, à cause d’un effet domino. En effet, ces surtaxes provoqueront des pertes de part de marché aux États-Unis chez les grands groupes pour lesquelles elles travaillent en sous-traitance. Les fabricants de bouchons pour les bouteilles de vin, notamment, en prendront cher. Mais il y a encore de l’espoir, car les discussions se poursuivent entre l’UE et les USA.

Auteur de l’article : EcoloBizz

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