Le ministre de la Santé Yannick Neuder a annoncé mardi 10 juin le remboursement prochain des tests de détection du cadmium, un métal lourd qui entre dans nos organismes par notre alimentation, à commencer par le pain et les céréales. Il a également dit être particulièrement vigilant sur l’arrêté que doit prendre le ministère de l’Agriculture concernant la teneur maximale dans les engrais phosphatés.
Produite à échelle industrielle pour satisfaire les énormes besoins d’une population en croissance perpétuelle, notre alimentation est devenue source d’inquiétude en raison de l’usage de substances chimiques. Ces substances sont parfois employées à des seuils élevés, constituant un danger pour notre santé. Dernière préoccupation en date, celle autour du cadmium, un métal lourd très présent dans notre alimentation.
Une substance présente dans le pain, les céréales, les pommes de terre et les pâtes
On trouve le cadmium dans de nombreux produits de base comme le pain, les céréales, les pommes de terre et les pâtes. On en décèle aussi des traces dans des produits tels que les thés noirs et les chocolats, selon des analyses effectuées sur des échantillons ces dernières années. Une fois entré dans notre organisme via ces aliments, le cadmium s’accumule dans le foie et les reins, et sa présence augmente avec l’âge. Ce métal est reconnu cancérigène, reprotoxique et possiblement mutagène.
L’imprégnation au cadmium chez les adultes a quasiment doublé entre 2006 et 2014
En 2021, Santé publique France (SpF) avait publié un état des lieux de l’exposition de la population française aux métaux lourds. Selon ses résultats, l’imprégnation au cadmium chez les adultes a quasiment doublé entre 2006 et 2014 en France. Elle est 3 fois plus importante celle des adultes américains et plus de 2 fois à celle des adultes italiens. Chez les enfants, elle est même 4 fois supérieure. En Hexagone, en particulier, le cadmium est fortement suspecté de jouer un rôle dans l’augmentation exponentielle des cancers du pancréas.
Les phosphates français principalement importés des mines marocaines
Si la population française est autant touchée par rapport aux autres, c’est parce que les fertilisants utilisés en France contiennent des phosphates principalement importés des mines marocaines. Or, ces phosphates marocains s’avèrent particulièrement riches en cadmium, comparés à ceux issus d’autres régions du globe. Le Royaume chérifien est le principal fournisseur de l’Hexagone, à l’inverse des autres pays européens. D’où la forte contamination. Pour réduire celle-ci, il faudrait donc durcir les teneurs maximales autorisées dans les aliments.
20 mg par kg d’engrais phosphatés tout au plus
En 2021, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement (Anses) a émis une recommandation pour la teneur en cadmium. Elle préconise de ne pas dépasser les 20 mg par kg d’engrais phosphatés. Cette proposition n’a pas suscité de véritables réactions auprès des autorités. Il a fallu que les médecins libéraux sonnent l’alerte pour voir le ministère de la Santé prendre de premières décisions. Le 5 juin, à l’occasion de la journée mondiale de l’environnement, les Unions régionales des médecins libéraux (URPS) ont publié une lettre ouverte, dans laquelle ils rappellent les dangers du cadmium, ainsi que l’ampleur de la contamination en France.
Bientôt des tests de dépistage du cadmium gratuits
Dans leur texte, les médecins libéraux exhortent les pouvoirs publics à s’aligner dès que possible sur les recommandations formulées par l’Anses. À savoir imposer une teneur maximale en cadmium dans les engrais phosphatés, afin de réduire la contamination des sols agricoles. Ils ont également souligné l’intérêt d’un dépistage de cette substance chez les patients à risque. Message reçu cinq sur cinq. Le ministre de la Santé Yannick Neuder a annoncé devant l’Assemblée nationale, le mardi 10 juin, la possibilité de se faire dépister gratuitement à partir de l’automne.
Les travaux sur le remboursement des tests de dépistage du cadmium en cours
« Ce dépistage est remboursé à l’hôpital et il le sera à l’automne en médecine de ville», a souligné Yannick Neuder. Le ministre a précisé que les travaux sur le remboursement des tests de dépistage du cadmium pour les personnes à risque et la définition du cadre de ce remboursement sont en cours et devraient se terminer d’ici la fin 2025. Quant à la recommandation émise par l’Anses), le ministre a affirmé qu’il se montrera particulièrement vigilant sur l’arrêté que doit prendre le ministère de l’Agriculture pour suivre l’exemple de la Finlande, de la Pologne ou encore de la Roumanie.