Économiser les efforts pour la transition énergétique engendrerait des coûts supplémentaires pour les États. Ces pertes s’élèveraient à 1,3% du PIB mondial en 2030, si la transition est retardée de trois ans, contre seulement 0,4% si des mesures sont prises maintenant. C’est ce qu’indique une nouvelle note du NGFS, une coalition de banques centrales dont la Banque de France.
Si certains individus continuent de le nier, ne croyant sans doute pas en la science, le réchauffement climatique est bien une réalité aujourd’hui. Il s’observe par la multiplication d’évènements extrêmes comme les ouragans, les inondations, la sécheresse, les canicules et les feux de forêt de grande ampleur. Ces épisodes sont tragiques pour les populations qui les subissent. Mais, au-delà de leur coût humain, ils engendrent des pertes matérielles et financières énormes.
Les événements climatiques ont des conséquences économiques directes et indirectes
En effet, les dommages causés par les catastrophes naturelles peuvent atteindre des centaines de milliards d’euros. En 2021, par exemple, ils se sont élevés à environ 270 milliards de dollars. A ces dommages directs, il faut ajouter des répercussions économiques indirectes, au moins équivalentes et probablement supérieures. En dépit des pertes toujours plus élevés au fil des années, les efforts pour la transition écologique et énergétique restent mineurs. Pis, ils sont même retardés. Ce qui pourrait coûter très cher à l’économie mondiale.
Une transition énergétique ralentie coûtera 1,3% du PIB mondial en 2030
Dans une note publiée le mercredi 7 mai, le NGFS – une coalition de banques centrales dont la Banque de France – note que « retarder les efforts de la transition augmente les coûts économiques de la transition et provoque un stress financier supplémentaire ». Plus précisément, les pertes pourraient représenter 1,3% du PIB mondial en 2030, si l’on retarde la transition de trois ans, contre seulement 0,4% si des mesures sont prises maintenant. Ici, il s’agit de scénarios de court terme, avec un horizon temporel compris entre trois et cinq ans.
Des risques physiques et de transition sur le cycle économique
« Les scénarios de court terme permettent d’évaluer les impacts macro-financiers des risques physiques et de transition sur un cycle économique », explique le NGFS (Network for Greening the Financial System). Ces risques physiques sont liés aux conséquences d’événements extrêmes sur la stabilité financière et la résilience de l’économie. Quant aux risques de transition, ils dérivent de politiques climatiques non suffisantes et une absence d’anticipation.
Retarder la transition énergétique pourrait faire chuter le PIB de 15% d’ici 2050
D’habitude, le NGFS s’attarde sur les scénarios à long terme. Si l’organisme ne s’intéresse pas à cette question dans sa publication de mercredi 8 avril, il prévoit tout de même que le dérèglement climatique – et notamment les épisodes météorologiques extrêmes – pourrait faire chuter le PIB mondial de 15% en 2050 et d’un tiers (30%) en 2100. Selon Agnès Bénassy-Quéré, sous-gouverneur de la Banque de France, la multiplication par dix du coût de la transition d’ici la fin de la première moitié du siècle s’explique par le fait que « les entreprises amortissent leurs investissements sur plusieurs années », en mettant progressivement en place des solutions de décarbonation.
Les acteurs économiques prennent leur temps pour assurer leur transition énergétique
En effet, de nombreux acteurs économiques réclament encore aujourd’hui plus de temps pour décarboner leurs secteurs d’activités (transport, bâtiment, industrie…). Le NGFS, coalition lancée en 2017 au « One Planet Summit » de Paris, estime que ce ne sera qu’une perte de temps inutile. « Les mesures qu’il faudra prendre dans trois ans seront plus fortes pour atterrir au même objectif final dans 25 ans », martèle Elsa Cheminet-Leroux, du service climat de la Banque de France.