Chalutage de fond : des ONG interpellent Emmanuel Macron

Plusieurs ONG environnementales ont envoyé une lettre à Emmanuel Macron pour lui demander d’interdire le chalutage de fond dans les aires marines protégées de l’UE. Cette méthode de pêche, qui consiste à traîner de lourds filets sur les fonds marins, endommageant les écosystèmes et libère du carbone dans les océans. Mais les pêcheurs s’opposent à toute restriction sur cette pratique.

Dans une lettre envoyée à Emmanuel Macron, et publiée par France Inter mardi 4 février, plusieurs ONG demandent au président de la République d’interdire le chalutage de fond afin de protéger l’océan et les ressources de poissons. Parmi ces organisations environnementales figurent Bloom, la Fondation Tara pour Océan et Oceana.

Le chalutage de fond libère le carbone piégé dans les sols marins

Pratique décriée par les associations, la pêche de fond consiste à trainer de lourds filets sur le fond des océans, voir à les racler avec les palangres ou les casiers. Elle est considérée comme destructrices pour les écosystèmes marins car prélevant d’énormes quantités de poissons sans distinction. Cette méthode libérerait aussi le carbone piégé dans les sols marins, qui stockent pourtant 80 gigatonnes de CO2, soit 10% de tout le CO2 aujourd’hui présent dans l’atmosphère.

Protéger au moins 10% des eaux françaises

Dans leur lettre également adressée au commissaire européen à la pêche Kóstas Kadís, les ONG exhortent le chef de l’Etat à faire en sorte qu’au moins 10% des eaux françaises soient protégées, suivant les normes strictes de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Elles appellent aussi à éliminer, de toutes les aires marines protégées (AMP) françaises, les activités destructrices telles que le chalutage de fond.

De la nécessité de maintenir une flotte de pêche durable

Une grande partie de ces AMP appartient au réseau « Natura 2000 ». Elles recouvrent actuellement 12 % des eaux européennes. D’après les ONG, une interdiction du chalutage de fond est nécessaire pour « maintenir une flotte de pêche durable, saine et florissante qui crée des emplois et soutient les communautés locales ». Celles-ci, ajoutent les organisations, constituent un maillon essentiel de la lutte contre le changement climatique, tout en favorisant la consommation locale et la sécurité alimentaire.

Exclure les bateaux de plus de 25 mètres de la bande côtière

Grâce à l’interdiction du chalutage de fond, les ONG espèrent aussi protéger la pêche artisanale. Et cela passera par l’exclusion des bateaux de plus de 25 mètres de la bande côtière. Aujourd’hui, les pêcheurs utilisent tout type de chalutiers et ont le droit de tirer des filets à 800 mètres de fond, y compris dans les aires marines dites protégées. Évidemment, les industriels et associations de pêcheurs professionnels s’opposent à toute interdiction du chalutage de fond.

L’interdiction du chalutage de fond, un péril pour la sécurité alimentaire

Les chalutiers rappellent que presque la moitié des volumes de poissons débarqués en France provient de leur pratique décriée. Stopper cette dernière reviendrait donc à mettre en péril la sécurité alimentaire française. Aussi, ils estiment qu’une interdiction dogmatique dans toutes les aires marines protégées n’a aucun sens. Ils recommandent un examen au cas par cas. Par ailleurs, les chalutiers invitent les autorités à donner la priorité à l’innovation et aux pratiques durables plutôt qu’à l’élimination pure et simple d’une méthode de pêche vitale.

La Grèce, seul pays de l’UE à avoir interdit le chalutage de fond

Jusqu’à présent, l’État français s’est toujours opposé à l’interdiction du chalutage de fond. Toutefois, il s’est engagé en 2022 à protéger 30% de sa surface maritime. Mais le compte n’y serait pas. En 2024, moins de 2% des eaux françaises étaient réellement protégées. Si la France tergiverse, c’est sans doute pour des raisons de concurrence. En effet, dans l’Union européenne (UE), seule la Grèce a interdit, depuis avril 2024, le chalutage de fond dans toutes ses eaux. La Suède a annoncé un projet pareil en juin dernier.

Auteur de l’article : EcoloBizz

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