Au premier jour de la COP, le lundi 11 novembre, les pays participants ont adopté des règles pour le marché des crédits carbone, ce dispositif de compensation des émissions de gaz à effet de serre. Jusqu’à maintenant, ce secteur évoluait en dehors de toutes règlementations internationales.
Le lundi 11 novembre, à l’ouverture de la COP29, les pays du monde entier ont adopté de nouvelles règles proposées par l’ONU pour régir le marché des crédits carbone, un dispositif contesté servant à compenser ses émissions de gaz à effet de serre. Cette décision historique vise à réguler un secteur jusqu’alors peu encadré, en proie à des problèmes de fraude et d’efficacité.
Que sont les crédits carbone ?
Pour rappel, les crédits carbone proviennent d’activités qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement de la planète. Il peut s’agir de la plantation d’arbres, de la protection des habitats et du remplacement du charbon polluant par du solaire ou des éoliennes. Un crédit équivaut à une tonne de dioxyde de carbone éliminée de l’atmosphère ou empêchée d’y pénétrer.
Ce sont les Etats riches qui ont recours à ce système de compensation des GES, auprès des nations ayant atteints leurs objectifs en matière de réduction. Les grandes entreprises désireuses de « compenser » leurs émissions ont également recours à ce dispositif, qui leur permettrait d’atteindre la neutralité carbone. Mais plusieurs études ont montré l’inefficacité de nombreux projets, vus comme des tentatives de greenwashing.
La COP29 ouvre la voie à un marché des crédits carbone plus transparent
Les ONG environnementales dénoncent de faux crédits carbone certifiés par des organismes privés peu rigoureux, et cela parfois au dépens des communautés locales. Mais les règles adoptées à Bakou lundi doivent permettre d’y voir un peu plus clair. Elles régissent la méthodologie de calcul du nombre de crédits qu’un projet donné peut générer. Aussi, elles s’intéressent à l’impact d’une perte du carbone stocké, par exemple quand la forêt plantée brûle.
Erika Lennon, une experte du sujet au Centre pour le droit international de l’environnement (Ciel), s’est réjouie de l’adoption de ces normes tant attendues. Selon elle, ces règles vont « ouvrir la voie » à un marché du carbone plus transparent, avec des crédits carbone de qualité. Elle déplore toutefois le fait que le texte proposé par l’ONU n’ait pas fait l’objet d’un consensus au préalable.
La COP29 se tient jusqu’au 22 novembre
Comme Erika Lennon, plusieurs ONG critiquent cette approche. Oil Change International, notamment, parle d’une décision prise « sans débat ou examen du public ». Des négociateurs de la COP29 regrettent en outre que le texte approuvé laisse en suspens d’autres aspects de longue date du mécanisme. Mais, d’autres textes officiels sont encore attendus pour pleinement établir un marché fiable. Il faut donc déjà saluer cette avancée significative.
La COP29 de Bakou, en Azerbaïdjan, doit se tenir jusqu’au 22 novembre, au moins. Pendant près de deux semaines, une centaine de dirigeants mondiaux devront négocier des questions cruciales, liées à l’avenir de la planète. Face à l’urgence climatique, les Etats souhaitent concrétiser les objectifs de protection de la biodiversité et les engagements sur les financements pour les pays du Sud afin de renforcer leur résilience.