Dans un rapport publié ce mardi, Reclaim Finance accuse les banques de continuer à financer le secteur du charbon. L’ONG pointe plusieurs failles dans leurs politiques de sortie du combustible. Elle demande à l’Autorité des marchés financiers d’exiger de ces établissements un respect de leurs engagements.
Sous la pression des ONG et de l’Etat, les grandes banques françaises ont adopté, dès 2020, des politiques sectorielles de sortie du charbon, dans le cadre de leurs engagements climatiques. BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et BPCE/ Natixis ont toutes mis en place un calendrier ambitieux pour atteindre leur objectif, pour la plupart à la fin de cette décennie.
Reclaim Finance évoque un greenwashing des banques
Quatre ans plus tard, ces établissements bancaires ont continué de soutenir des groupes problématiques du secteur du charbon, malgré leurs engagements. C’est ce que révèle un nouveau rapport de Reclaim Finance, qui a identifié plusieurs transactions, notamment à des entreprises développant de nouvelles mines ou centrales à charbon. « Ces transactions apparaissent très clairement contraires aux objectifs affichés par les banques, que ce soit dans leur politique ou à travers leurs communications », note l’organisation.
Pour Yann Louvel, analyste politiques sectorielles à Reclaim Finance, « cette contradiction constitue du greenwashing car les communications des banques sur le charbon peuvent tromper les investisseurs et les parties prenantes ». Dans son analyse, l’ONG relève que les grandes banques françaises ont financé de nouvelles mines ou centrales à charbon comme celles du sud-coréen Posco ou du japonais Mitsubishi.
Quatre failles majeures peuvent expliquer ces transactions contraires à leurs engagements
Reclaim Finance a surtout identifié des financements à des entreprises qui n’ont pas de date de sortie publique du secteur du charbon, ou qui ont des dates publiques ne permettant pas de limiter le réchauffement à 1,5°C. Au total, l’association a compté 20 groupes problématiques soutenus par BNP Paribas, 11 par le Crédit Agricole, 9 par Société Générale et 3 par BPCE/Natixis. Mais ces banques françaises n’investiraient de façon directe et volontaire dans le charbon.
En effet, Reclaim Finance a répéré quatre failles majeures dans leurs politiques, qui peuvent expliquer ces transactions contraires à leurs engagements. D’abord, l’ONG note que ces banques excluent des financements les filiales qui opèrent ou détiennent des actifs charbon, mais sans écarter les groupes auxquels elles appartiennent. Or le modèle capitalistique fait que les financements reviennent aux filiales en question.
Reclaim Finance exige des sanctions pour tout manquement
Aussi, les acteurs financiers peuvent investir dans un projet industriel, qui inclut une centrale à charbon captive. En outre, ils ont tendance à financer au cas par cas sur la base d’informations confidentielles reçues par les banques, sur la date de sortie du secteur du charbon. Pourtant, il est impossible d’attester de la pertinence de ces informations.
Face à ces failles, Reclaim Finance appelle à la responsabilité de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et de l’ACPR, mais également de la DGCCRF, de l’Etat français et des banques elles-mêmes, pour mettre fin aux financements du charbon. L’ONG invite en particulier l’AMF à faire cesser le greenwashing et à exiger des banques de corriger leurs pratiques, sous peine de sanctions.