Quarante-sept personnes opposées au mégaprojet pétrolier de la firme pétrolière française dans ce pays est-africain ont été récemment arrêtées par la police.
Un nouvel épisode de répression contre les opposants au mégaprojet pétrolier de TotalEnergies en Ouganda s’est joué vendredi 9 août à Kampala, la capitale de ce pays enclavé d’Afrique de l’est. Quarante-sept d’entre eux, tous identifiés comme des étudiants, ont été arrêtés le 9 août dernier.
À en croire le porte-parole de la police de Kampala, Luke Owoyesigire, cité par l’AFP, il s’agit de « suspects » inscrits à l’université de Kyambogo. Deux d’entre eux ont ainsi été inculpés pour « incitation à la violence ». L’avocat des concernés, Samuel Wanda, a pourtant une tout autre version.
Il indique notamment que les étudiants se rendaient au parlement afin de remettre aux députés, une pétition demandant l’arrêt des financements pour ce projet pétrolier jugé climaticide par les défenseurs de l’environnement et autres écologistes.
Des impacts environnementaux dévastateurs
Le projet baptisé Tilenga et développé avec l’entreprise chinoise CNOOC, vise à la construction d’un oléoduc de 1 443 kilomètres reliant les gisements pétroliers du lac Albert aux côtes tanzaniennes afin d’extraire jusqu’à 200 000 barils de pétrole par jour.
Total se défend de toute action susceptible de nuire au climat, promettant entre autres, une surveillance du pipeline une fois opérationnel. Mais les protecteurs de la nature contestent vivement cette vision.
Et pour cause, l’infrastructure pétrolière va traverser des zones humides d’importance internationale, des parcs nationaux et des territoires communautaires abritant une biodiversité remarquable.
Pire, quelque 419 puits devront être forés au sein du parc naturel ougandais des chutes Murchison, l’un des plus beaux joyaux naturels d’Afrique.
Le pétrole à tout prix
Ce sont quelques-uns des dégâts attendus à partir de Tilenga, dont les conséquences sur ces écosystèmes fragiles seront irréversibles. Sans oublier les multiples centaines de personnes, dont des pêcheurs, des agriculteurs et autres riverains exposés.
Malgré ce coût humain et environnemental décrit par de nombreuses voix écologistes comme « catastrophique », le régime ougandais refuse d’écouter la dissidence. Le président Yoweri Museveni au pouvoir de 1986, y tient telle la prunelle de ses yeux.
Une occasion de concrétiser les rêves de l’eldorado pétroliers de ce pays classé parmi les plus pauvres du monde. Ce, au moment même où les appels à l’abandon des énergies fossiles se multiplient. C’est le sens de l’arrestation de ces étudiants.