Qu’on le dise solidaire, captif, relié, attaché, le bouchon est aujourd’hui indissociable de la bouteille en plastique. Et tout le monde s’y met, des vendeurs d’eaux minérales aux fabricants de sodas. Mais alors pourquoi les bouchons en plastique sont-ils attachés aux bouteilles ?
En 2016, Cristaline avait été précurseur en attachant les bouchons sur les bouteilles d’eau minérale. Coca Cola a suivi le mouvement six ans plus tard. Lipton également en février dernier. Badoit reliera les bouteilles avec les bouchons en avril 2024. Même les briques de jus de fruits et de lait y ont le droit. Le groupe suédois de l’emballage Tetra Pak a par exemple investi 100 millions d’euros dans son usine de Châteaubriant (Loire-Atlantique) pour adapter ses lignes de production, et en créer de nouvelles.
Nous ne sommes pas là face à un effet de mode. Si tous les producteurs de sodas, eaux minérales et autres boissons se tournent vers le bouchon solidaire, c’est qu’ils seront bientôt contraints de le faire. Selon une directive européenne du 5 juin 2019, les « produits en plastique à usage unique […] qui possèdent des bouchons et des couvercles en plastiques ne pourront être mis sur le marché que si ces derniers restent attachés aux récipients lors de la phase d’utilisation prévue des produits ». Cette législation, transposée en droit français via un décret de 2020, entrera en application en juillet 2024.
Objectif ? Réduire l’impact des plastiques sur l’environnement. Dans la mesure où le bouchon solidaire reste accroché à la bouteille, il sera plus facile à recycler en même temps que le contenant. En effet, il ne risque pas de s’égarer. La directive de 2019 s’attaquait aussi à la mise sur le marché des pailles, couverts, assiettes, gobelets et coton tiges en plastique à usage unique. A terme, le texte prévoit aussi que les bouteilles en plastique contiennent 30% de matériaux recyclés.
Il convient de souligner que Cristaline a commencé à doter ses bouteilles d’eau plate de bouchons attachés bien avant la directive européenne. « La bouteille emporte avec elle le bouchon au recyclage », expliquait le groupe Alma (Cristaline, mais aussi Rozana, Saint-Yorre…). Selon l’entreprise, Pierre Papillaud, le patron et fondateur de Cristaline, avait pris conscience des nuisances que représentaient les bouchons, mais aussi tous les autres déchets plastiques, sur les oiseaux marins à la suite d’une émission de télévision.
En 2016, ce dispositif, présenté comme plus écologique, mais également « plus hygiénique » et « plus pratique », n’avait pas été au goût des utilisateurs. Beaucoup d’internautes avaient exprimé leur agacement sur les réseaux sociaux vis-à-vis du système « snap clic ».
Cela n’a pas empêché les industriels de s’y mettre. A double charnière, à clipser, à vis : les professionnels ont fait preuve d’ingéniosité pour satisfaire les consommateurs… Et surtout ne pas les perdre en route. D’après une étude réalisée par le groupe Sidel en 2020, les utilisateurs sont davantage convaincus par le côté sécurisé et pratique des bouchons attachés que par leurs atouts environnementaux.
Le dispositif s’est adapté, après l’eau plate, aux bouteilles d’huile, aux sodas, à l’eau gazeuse, aux briques de jus de fruit et de lait. Pour répondre aux exigences de la directive européenne, certaines entreprises proposent même une solution pour que la languette d’inviolabilité du traditionnel cubi reste fixée au contenant. L’idée étant que la languette ne finisse pas dans l’estomac des oiseaux.