Afin de financer le verdissement de l’économie, France Stratégie, l’institution autonome placée auprès de la Première ministre, vient de proposer un prélèvement « sur le patrimoine financier des ménages les plus aisés ».
C’est un fait : la décarbonation de l’économie va peser très lourd sur les finances publiques. Les bornes de recharges électriques, les nouvelles centrales nucléaires ou encore l’isolation des bâtiments demandent un investissement public allant jusqu’à 34 milliards d’euros par an. C’est trois fois le budget alloué à la Justice.
Selon un rapport publié lundi 22 mai par France Stratégie, l’organisme rattaché à la Première ministre, la transition écologique pourrait accroître la dette française « de l’ordre de 10 points de PIB en 2030, et de 25 points en 2040 ».
L’un des principaux auteurs du rapport Jean Pisani-Ferry souligne toutefois que cet endettement est légitime. « Il y a beaucoup de mauvaises raisons de s’endetter, le climat n’en fait pas partie. Pour autant, tout miser sur l’endettement serait imprudent », souligne cet économiste proche du Président de la République.
C’est la raison pour laquelle Jean Pisani-Ferry prône la création d’un nouvel impôt qui pourrait « être assis sur le patrimoine financier des ménages les plus aisés ». En clair, il plaide en faveur du retour d’une forme d’ISF.
Aux yeux de France Stratégie, les frais liés à la transition écologique « ne seront politiquement et socialement acceptés que s’ils sont équitablement répartis ». Par exemple, l’achat d’un véhicule électrique et le coût de la rénovation thermique du logement représentent 4 années de revenus d’un ménage modeste, et 2,5 années de revenus pour les ménages moyens. « Ça ne se fera pas si les ménages ne sont pas convaincus qu’il y a une égalité des efforts qui sont demandés aux différentes catégories », affirme Jean Pisani-Ferry.
Si l’Hexagone se prépare à la « décennie de toutes les difficultés », pour citer France Stratégie, c’est parce qu’il fait face à un très grand défi. En effet, d’ici 2030, le pays doit réduire de plus de 50% ses émissions de gaz à effet de serre (comparé aux données de 1990). La France est actuellement à -25%.
« Nous devons encore doubler le rythme de baisse de nos gaz à effet de serre », a annoncé lundi la Première ministre, Elisabeth Borne, lors d’une réunion avec le Conseil national de la transition écologique (CNTE).
Ce même jour, l’exécutif à présenté des objectifs quantifiés visant à accélérer la lutte contre le réchauffement climatique. « La moitié de l’effort sera accompli par les entreprises – et notamment les grandes entreprises. Un quart par l’État et les collectivités. Et le dernier quart par les ménages », a précisé Elisabeth Borne.
Son gouvernement n’a cependant pas présenté de pistes de financement, ou autres nouvelles mesures concrètes. D’ici un mois, un « conseil de planification écologique », va être organisé autour d’Emmanuel Macron, et un plan sera présenté.