Lundi 20 mars dernier, le Giec a publié un rapport de synthèse clôturant son sixième cycle d’évaluation (AR6). Ce document signale que, même avec une hausse limitée des températures, les conséquences du changement climatique seront bien plus graves que prévu. C’est pourquoi le groupe d’experts demande aux Etats de conserver le plafond du réchauffement à +1,5°C.
C’est indéniable : notre avenir dépend de celui de la planète. Et cette dernière est mise en danger par le réchauffement climatique. Lundi 20 mars 2023, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) l’a rappelé dans son sixième cycle d’évaluation (AR6), qui a donné lieu à un rapport de synthèse. Ce document est d’autant plus important qu’il n’y en aura pas d’autres avant plusieurs années.
D’après le Giec, les températures à la surface du globe ont augmenté plus rapidement depuis 1970 que lors des deux derniers millénaires. Dans le même temps, les concentrations de CO2 en 2019 n’avaient jamais été aussi hautes depuis deux millions d’années. Un lien de cause à effet indiscutable.
C’est la raison pour laquelle le Giec propose un nouveau programme de réduction des émissions de CO2 afin de limiter le réchauffement de la planète à +1,5°C. Pour ce faire, les nations du monde doivent nécessairement baisser leurs émissions de 48% d’ici 7 ans, de 80% d’ici à 2040 et de 99% à l’horizon 2050. Un objectif qui semble impossible à atteindre. Au rythme actuel, les températures à la surface de la planète risquent plutôt d’augmenter de 3,2°C
Dans son rapport, le groupement d’experts du climat souligne que ce constat demande « des réductions profondes, rapides et durables des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs. Les émissions devraient déjà diminuer et devront être réduites de près de moitié d’ici à 2030, si le réchauffement doit être limité à 1,5°C. […] Les risques et impacts négatifs prévus et pertes et dommages liés au changement climatique augmentent à chaque hausse du réchauffement climatique (degré de confiance très élevé). Les risques climatiques et non climatiques interagissent de plus en plus, créant des risques composés et en cascade qui sont plus complexes et difficiles à gérer ».
Selon le président du Giec Hoesung Lee, le temps presse. « L’intégration d’une action climatique efficace et équitable réduira non seulement les pertes et les dommages pour la nature et les gens, cela apportera également des avantages plus larges », a-t-il déclaré dans une synthèse du rapport envoyé aux médias. Hoesung Lee souligne l’urgence d’agir immédiatement pour assurer un avenir durable et vivable sur terre.
En 2018, le Giec avait déjà rappelé l’ampleur de la tâche pour limiter le réchauffement à 1,5°C. Cinq ans plus tard, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter. Les objectifs des différentes Conférences des Parties (COP) ne pourront pas être tenus sans un coup d’accélérateur.
Le constat des experts du climat est sans appel. Le recours aux combustibles fossiles est le premier facteur expliquant le dérèglement climatique. En effet, alors que mercure a déjà augmenté d’1,1°C par rapport à l’ère préindustrielle, 79% des émissions de CO2 sont liées à l’énergie, le bâtiment et les transports. Le reste revient à l’agriculture. Les scientifiques rappellent que les financements des énergies fossiles sont encore largement supérieurs à ceux dédiés aux énergies renouvelables.
Et tous les humains ne participent pas de la même façon au réchauffement climatique. Selon le Giec, les 10% des ménages qui émettent le plus de gaz à effet de serre contribuent de 34 à 45% de l’intégralité des émissions de la population. « La justice climatique est cruciale parce que ceux qui ont le moins contribué au changement climatique sont touchés de manière disproportionnée », a indiqué Aditi Mukherji, l’un des 93 rédacteurs du rapport.
3,5 milliards de personnes vivent dans des régions sensibles au réchauffement climatique. Elles ont 15 fois plus de risques de mourir de catastrophes naturelles que les humains évoluant dans les régions les moins exposées. On peut ajouter à cela l’insécurité alimentaire, les problèmes d’accès à l’eau, la hausse des taux de mortalité ou encore l’augmentation des risques de maladies.
Pour limiter le réchauffement à +1,5°C, les Etats doivent parvenir à des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles. Il faudrait même arriver à des émissions négatives. Pour y parvenir, le Giec recommande d’accélérer sur les énergies renouvelables. Les scientifiques veulent également amplifier le recours au captage et à la séquestration du carbone. Sans quoi il ne sera pas possible de contrebalancer les émissions qui subsisteront dans l’agriculture, les transports et l’industrie.
Enfin, le groupement d’experts conseille de mettre en place des politiques d’atténuation et d’adaptation ambitieuses. Et cela doit se faire au plus vite puisque ces dernières sont longues à mettre en œuvre. « L’adaptation peut générer de multiples avantages supplémentaires, tels que l’amélioration de la productivité agricole, l’innovation, la santé et le bien-être, la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance et la conservation de la biodiversité », conclut le rapport du Giec.
Si les Etats sont principalement visés dans le document de synthèse, le Giec invite également les entreprises à s’organiser pour limiter l’impact de leur activité sur le climat. De nombreux groupes sont d’ores et déjà investis dans le développement durable, à l’image du fonds d’investissement HLD. Sous l’égide de son dirigeant Jean-Bernard Lafonta, HLD s’engage à réduire l’empreinte carbone de son portefeuille d’entreprises de 4% chaque année. Il veille également à ce que ses 21 participations respectent scrupuleusement les critères ESG.