De nombreux associés militant pour l’écologie s’alarment de la baisse récente des ambitions climatiques de la firme britannique d’hydrocarbures, malgré des bénéfices records. Jusqu’à se retourner contre elle ?
Le mardi 7 février a dû être un jour aigre-doux pour les investisseurs du groupe pétrolier britannique BP. Du moins ceux qui se préoccupent encore un tant soit peu du sort de la planète.
Et pour cause, l’entreprise londonienne a annoncé un bénéfice de 28 milliards de dollars pour 2022 en plus d’augmenter son dividende. Un record qui s’inscrit dans la lignée des résultats financiers extrêmement juteux réalisés l’année écoulée par l’ensemble des majors pétrolières à travers le monde.
Mais elle a également douché l’ardeur des activistes et autres acteurs de la préservation de l’environnement en revoyant ses ambitions climatiques à la baisse. Autrement dit, une réduction de la production de l’or noir et du gaz – deux des combustibles fossiles responsables du réchauffement – de 25% désormais à l’horizon 2030, contre 40% précédemment.
Malaise général
De quoi provoquer un malaise dans le rang des investisseurs. D’autant que le précédent agenda climatique calqué sur les recommandations scientifiques afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels a été scellé il y a neuf mois seulement lors d’une Assemblée générale des actionnaires à une large majorité.
« Dans le contexte d’un résultat financier très solide, les investisseurs ayant des objectifs nets zéro, y compris nombre de nos clients, seront préoccupés par un changement aussi important de l’objectif de réduction des émissions », a fait savoir auprès de Reuters, un porte-parole de l’organisation Climate Action 100+ regroupant des investisseurs institutionnels.
Le rendez-vous de mai
La déception est donc palpable quant à ce retournement de situation motivée par l’appât du gain. Les responsables de BP ayant flairé, au regard du contexte favorable, l’occasion de pomper autant de pétrole et de gaz que possible afin de maximiser leurs revenus. Peu importent les considérations sur le climat à leurs yeux.
Il reste à savoir si ce sentiment sera-t-il assez fort pour faire infléchir la société relativement à l’urgence climatique ? C’est la grande question qui devrait agiter le débat à mesure que se rapproche la prochaine assemblée des actionnaires prévue en mai.
En attendant, les titres du groupe continuent de flamber, renforçant la position inconfortable des investisseurs.