Plusieurs ONG ont saisi l’autorité de régulation publicitaire de leur pays respectif d’une plainte contre la Fifa pour tromperie à propos du caractère prétendument neutre du Mondial.
Le Mondial de football en cours au Qatar peut-il être neutre en carbone ? Pas du tout et clamer le contraire comme le fait la Fifa depuis de nombreuses années, relève du mensonge, selon un groupe d’ONG basées dans cinq pays européens, dont le Royaume-Uni, la France, la Suisse, la Belgique et les Pays-Bas.
Ces organisations estiment en effet que la promesse de neutralité carbone maintes fois répétée par l’instance mondiale du football repose sur des émissions de Co2 sous-estimées, notamment dans le cadre de la construction des stades. Elles pointent également du doigt des méthodes de compensation de carbone à faible niveau d’intégrité environnementale, c’est-à-dire très peu susceptible de bénéficier au climat.
Calculs biaisés
Les ONG concernées ont par conséquent saisi, le 2 novembre dernier, les régulateurs publicitaires de leur pays respectif d’une plainte contre la Fifa. L’instance présidée par Gianni Infantino y est accusée de « tromper le public ». Les plaignants en veulent pour preuve la sortie de l’organisation Carbon Market Watch sur le caractère prétendument neutre de ce Mondial au Qatar vanté par Gianni Infantino et ses pairs.
L’ONG qui milite pour le climat, a en effet battu en brèche il y a quelques mois, l’affirmation des organisateurs de l’événement à travers une étude. Cette dernière regrettait entre autres une sous-évaluation des émissions de dioxyde de carbone notamment lors de la construction des stades, ainsi que des méthodes de compensation inopérante, car à faible impact sur l’environnement.
« Une comptabilité créative est nécessaire pour atteindre l’objectif de neutralité carbone », avait par ailleurs tranché Carbon Market Watch.
Plaintes et interpellation
«Qui peut honnêtement croire que la construction de stades climatisés au milieu du désert puisse être neutre en carbone ? Les fans de football doivent pouvoir profiter de leur sport sans être pris en otage par les choix dramatiques de la FIFA », a pour sa part déclaré l’ONG française Notre Affaire À Tous, un des auteurs de la plainte, dans un communiqué cité par Le Figaro.
La Fifa est par ailleurs appelée à travers une lettre ouverte signée de nombreux joueurs dont Tessel Middag, Elin Landström ou encore David Wheeler à prendre bras le corps l’enjeu climatique.
L’instance basée à Zurich répète à l’envi que le Mondial 2022, contributeur de 3,6 millions d’émissions de CO2 selon ses estimations – soit 60% de plus que lors de l’édition précédente – sera en harmonie avec le climat.