Le milliardaire anglo-soudanais connu pour ses engagements philanthropiques invite l’occident à changer d’approche dans sa relation avec le continent africain sur la question climatique.
Mo Ibrahim est un homme en colère. Et il a beaucoup à dire à propos des enjeux de la COP27, le prochain grand raout du climat prévu pour s’ouvrir sur la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, le 6 novembre 2022. Cette grande rencontre sera sans doute une nouvelle occasion pour la communauté dite internationale de marteler encore ses principes climatiques. D’autant plus avec l’acuité du changement climatique et ses corollaires.
Mais pour Mo Ibrahim, il n’est pas question pour les Africains de se laisser dicter une quelconque conduite à propos du climat. Le fondateur de la Fondation éponyme qui s’est exprimé le 27octobre 2022 à Bruxelles, estime en effet que non seulement l’Afrique n’a de leçons à recevoir de l’Occident sur le sujet, mais ce dernier aurait grand besoin d’en apprendre du continent.
Avant-gardiste du renouvelable
Le continent est de plus en plus pressé de faire de s’engager dans la transition énergétique une réalité. Mais selon Mo Ibrahim, cette question est déjà une réalité en Afrique. Et pour cause, « 22 pays africains dépendent essentiellement des énergies renouvelables », affirme-t-il dans des propos cités par le journal français RFI. L’entrepreneur des télécoms met également en avant les nombreux atouts du continent noir dans le cadre de la préservation du climat. C’est le cas du bassin du Congo responsable à lui tout seul de 4% des émissions globales de Co2 alors même que l’Afrique n’en émet que 3%.
À vrai dire, « l’Afrique est déjà plus verte que quiconque », tranche Mo Ibrahim las de voir le continent sujet aux desiderata des autres relativement à la question du climat. Cette situation concerne notamment la question clé des énergies fossiles, dont le gaz, qui devrait figurer en bonne place des discussions au cours de la COP27.
Tenir compte des disparités
Ce sujet s’impose dans l’agenda, car les pays du Nord se montrent toujours aussi dédaigneux quant au financement des projets gaziers ou pétroliers en Afrique. Ils ne manquent pourtant pas de courtiser le continent dans le cadre de leur objectif de sortir de la dépendance russe sur le gaz par exemple.
C’est une sorte d’hypocrisie dénoncée par Mo Ibrahim. Le milliardaire indique que la question de l’exploitation des ressources naturelles fussent-elles fossiles, en Afrique, relève de la survie. Contrairement au contexte dans nombre de pays d’Europe où la fourniture de l’énergie électrique a déjà été définitivement réglée. Il invite l’Occident à tenir compte de cette disparité dans les discussions.