Lors d’un vote tendu ce mercredi 6 juillet, les eurodéputés ont approuvé la proposition de la Commission européenne d’inclure le gaz et le nucléaire (sous certaines conditions) dans la « taxonomie verte ». Le texte (très contesté) soumis par la Commission en janvier 2022 a été rejeté en partie lors du vote intermédiaire de juin. La nouvelle décision des eurodéputés suscite déjà une vague de colère chez les défenseurs de la planète.
Pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, la Commission européenne usent de tous les moyens possibles dont la taxonomie, une classification qui encourage l’investissement dans des activités durables. À Bruxelles, une majorité d’eurodéputés (328 voix) ont rejeté ce mercredi, l’objection formulée contre le texte controversé (278 voix pour et 33 abstentions), présenté par la Commission européenne en janvier dernier. Une majorité absolue de 353 voix était requise pour bloquer le texte de la Commission. S’adressant au Parlement européen, le Premier ministre tchèque, Petr Fiala, dont le pays vient de reprendre à la France la présidence tournante de l’UE, a affirmé que « l’énergie nucléaire et le gaz provenant de pays sûrs seront les seuls moyens pour certains Etats membres d’atteindre nos objectifs climatiques communs dans les années à venir ».
Ce texte va classifier comme « durable » un nombre d’investissements pour la production d’électricité dans des centrales nucléaires qui n’émettent pas de CO2 ou des centrales au gaz, sous réserve de la mobilisation de technologies de pointe. Pour les entreprises de ces secteurs, ce vote était d’une importance capitale. En effet, l’adoption de ce texte leur permettra de lever à long terme des fonds sur le marché afin de développer leurs activités, notamment en modernisant les parcs. En France, par exemple, EDF a besoin de lever environ 200 milliards d’euros pour moderniser un parc de centrales nucléaires vieillissant. Pour les eurodéputés Renaissance, c’est une « décision responsable pour poursuivre nos objectifs climatiques et atteindre notre indépendance énergétique ». Par contre, des députés n’ont pas hésité à manifester leur mécontentement. Manon Aubry, eurodéputée insoumise, dénonce un « vote de la honte » et « un sombre jour pour la planète ». Quant aux écologistes, ils dénoncent une opération de greenwashing.
Le feu vert des Etats membres étant déjà acquis, le Parlement européen, a précisé que « si ni le Parlement ni le Conseil ne s’opposent à la proposition d’ici le 11 juillet 2022, l’acte délégué sur la taxonomie entrera en vigueur et s’appliquera à partir du 1er janvier 2023 ».