Le pays est aujourd’hui suspendu aux travaux en cours dans le littoral de Colombo, la capitale économique, après le naufrage d’un porte-conteneurs au contenu très polluant.
Et ce que d’aucuns redoutaient au Sri Lanka a fini par arriver. Une partie du navire X-Press-Pearl a coulé mercredi 2 juin après près de deux semaines d’incendie au large de Colombo. Avec une crainte encore plus grande désormais : le risque de voir se déverser dans les eaux l’énorme quantité de combustible présente dans le bateau. Le porte-conteneurs de 186 mètres venant de l’Inde voisine contenait notamment 278 tonnes de fioul de soute et 50 tonnes de gazole marin. Avec le contenu de son réservoir, cela fait un cocktail parfait pour un désastre environnemental.
Pour l’heure, aucune fuite n’a été remarquée. Mais la revue du contenu du X-Press-Pearl n’incite pas les experts à l’optimisme. Ces derniers estiment en effet qu’une marée noire n’est pas à écarter en raison des produits lubrifiants, de l’acide nitrique et du plomb, transportés en grande quantité par le navire. D’où la mobilisation internationale en cours aux côtés du Sri Lanka pour éviter le pire.
Pollution de plage
D’autant que le navire a déjà laissé s’échouer sur les plages, huit des 28 conteneurs de granulés plastiques qu’il transportait également. Des rejets d’une ampleur telle que les autorités en parlent déjà comme étant la « pire pollution des plages de l’histoire » du pays. Depuis quelques jours, les activités de pêche dont dépendent fortement les habitants de Negombo, village situé à quelques kilomètres de Colombo, ont été interdites à la population. L’armée massivement déployée veille au grain sur les lieux où quelques personnes ont été appréhendées en train de ramasser les rejets du bateau. L’autorité chargée de l’Environnement estime quant à elle qu’il faudra sans doute plusieurs années pour venir à bout de cette pollution.
Enquête et plainte
Parallèlement à ce branle-bas de combat sur terrain, les choses s’accélèrent sur le plan judiciaire. L’État sri lankais a lancé le 30 mai dernier une enquête pour tenter de comprendre les circonstances de l’incendie à l’origine de la situation. Ils soupçonnent que les flammes aient été provoquées par de l’acide nitrique coulée du porte-conteneurs au vu et au su de l’équipage dont le patron s’est d’ailleurs répandu en excuses. Un mea culpa qui ne lui évitera pas une action en justice de la part du Centre pour la justice environnementale (CEJ). L’association attrait également les autorités du pays devant la Cour suprême, estimant qu’elles auraient pu éviter cette catastrophe.