Bruxelles a enfin légiféré sur un nouvel objectif plus ambitieux de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre. Mais les négociations pour la répartition des efforts promettent d’être âpres. Illustration avec l’Allemagne et la France, les deux locomotives de l’union aux réalités bien distinctes.
Les 27 se félicitaient fin avril d’avoir pu accorder leur violon sur l’objectif de réduction de 55% de leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990. Les satisfecit étaient d’autant plus grands que cela tombait à la veille d’un sommet climatique mondial organisé à l’initiative de Joe Biden. Il s’agissait alors pour l’Union européenne de se présenter à ce rendez-vous en se gargarisant d’un pas supplémentaire vers l’atteinte de la neutralité carbone, devant les États-Unis devenus nouveaux chevaliers blancs de la cause climatique depuis l’élection du président démocrate. Une opportunité donc pour l’UE de se donner bonne figure, même si l’accord en question aura vu le jour par césarienne.
L’accord est désormais gravé dans une loi. Mais le plus dur reste à faire. Bruxelles doit en effet trouver la bonne formule pour tenter de répartir les efforts qu’implique cette nouvelle ambition de baisse de carbone au sein de chaque pays. 27 nations aux réalités économiques différentes à fédérer autour d’un même objectif de réduction de gaz à effet de serre. La manœuvre n’est pas simple.
L’Allemagne à l’initiative
Mais d’ores et déjà, l’Allemagne a décidé de prendre les devants. Après la mauvaise note infligée à la loi climat du pays par la Cour constitutionnelle, le gouvernement d’Angela Merkel se devait de réagir. C’est désormais chose faite avec un nouvel objectif de réduction de gaz à effet de serre chiffré à moins 65%, soit une hausse de 10% par rapport aux ambitions précédentes. L’initiative allemande intervenue le 5 mai est un prélude des tractations à venir dans les autres pays de l’UE. Mais elles n’accoucheront certainement pas des mêmes chiffres. Notamment du côté français où les réalités sont toutes autres.
Beaucoup s’attendent certes à ce que Paris revoie également à la hausse ces ambitions actuellement situées à moins de 40%. Mais jusqu’à combien ? Si l’Allemagne peut se prévaloir d’un chiffre aussi haut, c’est aussi parce que le pays n’a pas le même modèle économique que son voisin français. Berlin doit encore sortir du charbon ; ce qui n’est plus le cas de Paris. Par ailleurs, le contexte politique avant les législatives en Allemagne est plutôt favorable au climat. Alors, la France va-t-elle trancher d’elle-même ou attendra-t-elle que l’UE lui impose un objectif, au risque de compliquer les négociations ?