Le scandale du Chlordécone a mobilisé du monde en Martinique et dans d’autres régions des Antilles françaises samedi 27 février 2021. En cause : la probabilité d’une prescription judiciaire redoutée par les victimes dans le cadre de ce scandale éclaté dans les années 1990.
La population des Antilles françaises s’est rappelé le mauvais souvenir du Chlordécone samedi dernier. Et pour cause, les habitants refusent que l’affaire découlant de l’usage de ce toxique insecticide dans la région pendant près de 20 ans, fasse pschitt. En effet, la justice a fait savoir que les faits déroulés entre 1973 et 1993 pourraient faire l’objet d’une prescription. Une situation qui équivaudrait tout simplement à un non-lieu dans cette affaire qui préoccupe plus d’un depuis de nombreuses années dans l’archipel.
Cette perspective inquiète la population qui a décidé de donner de la voix samedi dernier à travers des manifestations dans plusieurs régions concernées. En Martinique, les gens étaient plus nombreux qu’ailleurs. Le public qui a revendiqué plus de 10 000 manifestants, s’est élevé contre toute tentative des autorités judiciaires de classer l’affaire sans suite. Munis de pancartes et avec des chants hostiles, les manifestants ont mis en garde contre une telle démarche assimilable à de l’impunité.
Un scandale embarrassant pour l’État
Une telle hypothèse inquiète d’autant plus ces derniers que les populations de la Martinique et de la Guadeloupe – elles ne sont pas les seules – continuent de payer un lourd tribut pour cette affaire qui remonte à plusieurs décennies. Envahis par les charançons, les agriculteurs des Antilles françaises ont recours dès 1973 au Chlordécone pour protéger leurs bananeraies. Mais l’insecticide qui se révèle très efficace a également un inconvénient notoire que ses utilisateurs ignorent : elle est très toxique, aussi bien pour l’humain, les animaux que les végétaux. C’est d’ailleurs cette toxicité qui sera à l’origine de son interdiction aux États-Unis en 1976. Mais la France elle, continuera d’en autoriser l’usage jusqu’en 1993, notamment pour des raisons ayant trait à l’enjeu économique des bananes produites dans les Antilles. Près de deux décennies au cours desquelles le produit aura contaminé durablement terres et eaux de ces territoires.
Conséquence : le Chlordécone se retrouve aujourd’hui dans le corps de plus de 90 % des adultes principalement en Martinique et en Guadeloupe, selon les autorités sanitaires. Les habitants de ces deux territoires sont également plus exposés au cancer de la prostate que le reste de toute la population mondiale.