Rupert Stadler sera mercredi le premier patron automobile allemand à être jugé pour fraude, cinq ans après l’éclatement du scandale du Dieselgate. L’ancien président du constructeur Audi, filiale de Volkswagen, devra répondre de « fraude », « émission de faux certificats » et « publicité mensongère ».
Rupert Stadler, 57 ans, sera jugé mercredi en Allemagne par le parquet de Munich pour « fraude », « émission de faux certificats » et « publicité mensongère » dans l’affaire du Dieselgate. L’ancien président du constructeur Audi, filiale de Volkswagen, comparaîtra aux côtés d’un ancien directeur d’Audi et de Porsche Wolfgang Hatz, et deux ingénieurs de la marque aux quatre anneaux. Ils risquent jusqu’à 10 ans de prison. Face à l’intérêt médiatique, le tribunal de Munich a décidé de tenir le procès dans l’une de ses annexes située en banlieue de la capitale bavaroise. Mais le nombre de places demeurera restreint, en raison de restrictions liées à la pandémie du Covid-19.
Jusqu’à présent, aucun responsable n’a été condamné en Allemagne dans le cadre de cette affaire planétaire qui a éclaté en 2015. Cette année-là, le géant automobile Volkswagen a reconnu avoir installé dans 11 millions de véhicules dans le monde des dispositifs les faisant apparaître moins polluants lors des tests en laboratoire qu’ils ne le sont en réalité.
Stadler soupçonné d’avoir su les manipulations fin septembre 2015
Entré chez Audi en 1990 et PDG à partir de 2007, M. Stadler avait déjà été en juin 2018 le premier dirigeant de l’automobile placé en détention provisoire dans ce dossier. La justice le soupçonnait d’avoir cherché à influencer des témoins ou d’autres suspects. Remis en liberté peu après, il avait dû quitter son poste au profit du Néerlandais Bram Schot, un transfuge du rival Daimler arrivé chez VW en 2011.
Le parquet de Munich pense que M. Stadler était au courant des manipulations vers la fin du mois de septembre 2015 « au plus tard » sans avoir pour autant empêché la vente de centaines de milliers de véhicules dotés du logiciel tricheur. Ses trois co-prévenus sont eux accusés d’avoir développé les moteurs diesel équipés de ce système, installé dans des véhicules depuis 2009. Les accusations portent sur un total de 434 420 véhicules des marques Volkswagen, Audi et Porsche commercialisés principalement en Europe et aux Etats-Unis.
D’autres dirigeants suivront-ils ?
Rupert Stadler a toujours rejeté les accusations, de même que Wolfgang Hatz. Son avocat a indiqué que ce dernier s’exprimerait « en détail » sur les charges le concernant au cours de ce procès complexe devant durer jusqu’à la fin décembre 2022. Le chef d’accusation, qui fera l’objet d’une lecture en intégralité lors de la première audience, compte plus de 90 pages.
Rupert Stadler pourrait ne pas rester longtemps le seul patron à devoir s’expliquer devant les juges. La justice allemande aura certainement besoin d’entendre l’ex président du directoire de Volkswagen Martin Winterkorn et quatre autres anciens responsables du groupe, notamment.