Pour lutter contre une offre de produits bio à prix cassés, initiée par la grande distribution, les agriculteurs bio lancent un label équitable qui garantit la rémunération des producteurs. Cette initiative reprend les critères de la loi sur l’Economie sociale et solidaire de 2014, qui définit le commerce équitable.
Un label issu d’un travail avec le groupe de surgelés Picard
Pour freiner la communication tous azimuts de la grande distribution sur les produits biologiques et empêcher une chute des prix, les agriculteurs bio lancent un label équitable qui garantit la rémunération des producteurs. Ce label baptisé « bio française équitable » (BFE) relève d’une initiative de la Fédération de l’agriculture biologique (Fnab) et est issu d’un travail avec le groupe de surgelés Picard. Celui-ci expérimente le lancement, à partir du 2 mars, d’une gamme bio et locale distribuée dans ses magasins en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie, avant de peut-être s’étendre. Picard a signé des contrats tripartites avec trois organisations de producteurs bio et un transformateur du Sud-Ouest de la France.
« Nous avons cherché à valoriser cet engagement, c’est comme ça que l’idée d’un label est venue », explique Stéphanie Pageot, secrétaire nationale de la Fnab, citée mardi dans un communiqué. « Le marché biologique se développant, l’opportunité s’est présentée de construire des partenariats forts avec des entreprises de l’agro-alimentaire sur une bio qui corresponde à nos valeurs », précise-t-elle.
Le bio en pleine croissance
Le label BFE garantit aux consommateurs des légumes biologiques produits en France et un prix rémunérateur aux agriculteurs bio, reprenant ainsi les critères de la loi sur l’Economie sociale et solidaire de 2014, qui définit le commerce équitable. Mais, avec le changement d’échelle de l’agriculture biologique, qui est passé de 7 % de croissance annuelle en 2015 à plus de 15% aujourd’hui, les appétits se sont aiguisés. « Tous les opérateurs s’en sont emparés : la distribution, les opérateurs de la transformation, les institutions, le système bancaire », indique à l’AFP Guillaume Riou, président de la Fnab.
Le commerce équitable pour sauver le bio
Dans ce contexte, on a vu des distributeurs utiliser les produits bio comme produits d’appel en cassant les prix. Or, pour les agriculteurs bio, l’important reste d’éviter un alignement de leurs prix vers le bas. Ce qui ne permettrait plus de compenser les coûts supplémentaires de ce mode de production. L’on risque surtout de voir le bio dénaturé de ses valeurs originelles avec l’explosion de la demande.
Pour éviter cette situation, la Fnab a une solution. « Le commerce équitable est la première brique pour redonner une place importante dans la chaîne de valeur aux agriculteurs face au monde de la transformation et de la distribution et pour satisfaire in fine le consommateur avec un prix qui ne soit pas exagéré », argumente Guillaume Riou.