Des chercheurs du Salk Institute, en Californie, travaillent depuis plusieurs mois sur le développement du réseau racinaire des plantes afin de booster l’absorption de CO2. Ils procèdent par la modification d’un gène nommé Exocyst70A3, présent dans la majorité des plantes. Appliquée sur 1.000 milliards d’arbres dans le monde, cette technique permettrait de réduire de 25 % le taux de carbone dans l’atmosphère.
Une nouvelle approche du stockage du CO2 par les plantes
Le stockage de carbone par les plantes fait partie des moyens actuels les plus efficaces pour lutter contre le réchauffement climatique. Mais lorsque les racines poussent, elles stockent le carbone sous forme de carbohydrates. Or, les micro-organismes présents dans le sol ont tendance à dégrader cette matière organique qui est alors relâchée sous forme de CO2 dans l’atmosphère. Pour éviter cette « fuite », des chercheurs du Salk Institute, en Californie, ont imaginé une nouvelle approche : développer le réseau racinaire des plantes pour qu’elles capturent plus efficacement le carbone. « L’idée n’est pas de stocker plus de carbone mais de le stocker dans des parties du sol où le carbone est plus stable », avec des racines plus profondes, a expliqué Wolfgang Busch, l’un des auteurs de l’étude parue dans le journal Cell.
Appliquée à 1.000 milliards d’arbres, cette technique permettrait de réduire de 25 % le taux de carbone dans l’atmosphère. Les scientifiques réfléchiraient à faire pousser les arbres plus vite ou améliorer le processus de photosynthèse afin d’augmenter encore ce potentiel.
Pour développer le réseau racinaire des plantes, les chercheurs du Salk Institute ont affecté la structure d’un gène nommé Exocyst70A3. Celui-ci code une protéine régulant le transport d’auxine, une hormone qui contrôle la croissance des plantes. En modifiant ce gène dans Arabidopsis thaliana, une plante modèle bien connue des scientifiques, ils sont parvenus à obtenir des racines plus longues et s’enfonçant plus loin dans le sol.
Une plante aux nombreuses potentialités
Ces plantes aux longues racines ne feront pas que capturer davantage de CO2. Elles vont également permettre d’enrichir les sols grâce à une meilleure aération et puiser l’eau plus profondément. Ces nouvelles plantes pourront ainsi mieux lutter contre la sécheresse et les inondations. Et comme le gène Exocyst70A3 est présent dans la majorité des plantes, on pourrait utiliser cette technique sur les grandes cultures comme le blé, le maïs, le riz ou le soja. « Le potentiel de séquestration est donc énorme », souligne Wolfgang Busch.