Alternative à l’économie industrielle dite « rouge » et à l’économie « verte », dont le modèle reposerait sur des prix trop élevés, l’économie bleue rentre peu à peu dans nos habitudes. Mais elle est encore largement inconnue du grand public, barrée par sa concurrente verte.
L’économie bleue en un mot
L’économie bleue peut se définir en une seule citation, celle du chimiste, philosophe et économiste français Antoine Laurent de Lavoisier. S’inspirant du philosophe grec Anaxagore, Il avait écrit que « Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme ». C’est bien ce que prône l’économie bleue, ce nouveau modèle tiré des écosystèmes naturels, où les déchets deviennent matières premières et où chaque espèce naturelle trouve de quoi répondre à ses besoins.
L’auteur de ce concept est Gunter Pauli, un entrepreneur belge qui prêche depuis près de trois décennies pour la rupture. La rupture avec l’économie dite « rouge », dominante, basée sur la croissance à tout prix, souvent au détriment de la planète, et avec l’économie « verte », la tendance actuelle. Gunter Pauli la juge trop chère et donc trop peu accessible pour le grand public. Aussi, elle s’appuierait sur des ressorts qui répondent encore de la recherche de profits.
Comment fonctionne l’économie bleue ?
L’économie bleue promet la valorisation des déchets, sur le modèle de la nature. « Il s’agit d’un système circulaire ou tout est réutilisé et réutilisable, a expliqué Gunter Pauli lors d’un entretien, il y a quelques mois. Selon l’entrepreneur belge, son modèle d’affaires a trois principaux avantages : « Un, on utilise ce que l’on a de disponible localement. Deux, on ne génère que des plus-values. Trois, on répond aux besoins de la société, en incluant la résilience, le bonheur et la santé ». Pour illustrer ses propos, Gunter Pauli cite l’exemple du marc de café, utilisé pour cultiver des champignons. Les déchets de ce produit servent eux-mêmes de nourriture aux poules, qui fournissent à leur tour des œufs. « Dans ce cas, j’utilise en cascade ce qui est déjà localement disponible, ce qui se traduit par des rendements beaucoup plus élevés, l’élimination des transports et une satisfaction client beaucoup plus élevée », expose-t-il.
D’où lui est venue l’idée d’un tel concept de business ?
D’après l’ancien fabricant de détergents bio, la révélation lui est venue il y a environ 30 ans : « Avec la société Ecover, nous avons construit à l’époque la première usine écologique, avec zéro émission et zéro déchet, se souvient-il. Mais à la fin de la journée, je me suis rendu compte que j’étais devenu le plus grand acheteur d’huile de palme de Belgique, et que je participais à la destruction des habitats tropicaux en Indonésie ». Gunter Pauli est donc allé voir l’ONG Greenpeace, lui proposer de faire campagne avec lui, contre sa propre entreprise. C’est ainsi que l’entrepreneur belge est passé de l’économie verte à l’économie bleue, qu’il qualifie de « modèle qui fait du bien ». Un, modèle qui peut plaire dans les pays désertiques comme l’Irak de Sirwan Barzani.