La tenue de l’élection présidentielle malienne, cet été, a démontré la fragilité du processus démocratique malien, avec un scrutin faussé par les fraudes en tous genres et par le désengagement populaire. L’importance des irrégularités observées lors des élections et la faible participation sont bien les deux principaux enseignements de ce vote.
Avant même le premier tour, les Maliens avaient compris que le président sortant, IBK ne laisserait pas beaucoup de chances à ses opposants. En verrouillant le processus électoral et les médias nationaux, il a fait en sorte de convaincre les Maliens que ces élections ne serviraient à rien.
Des Maliens qui sont surtout désireux de retrouver la paix après des années de conflits civils et face à la menace djihadiste grandissante dans le nord du pays. De quoi calmer les ardeurs démocratiques de la population civile.
Ainsi, lors du premier tour de l’élection, le faible résultat de la participation au vote, de 40%, a confirmé la distance prise par les Maliens envers leurs politiques. A cela sont venus s’ajouter les innombrables témoignages concernant des fraudes électorales, allant des bourrages d’urnes aux « électeurs fantômes », des personnes qui sont allé voter, alors qu’elles sont décédées !
Au soir du premier tour, bien avant la publication des résultats officiels (qui a eu lieu plusieurs jours après le scrutin), les principaux candidats opposés au président sortant avaient dénoncé un vote faussé, demandant la démission du ministre chargé de son organisation.
Face à cette parodie de démocratie, les Maliens se sont encore moins déplacés pour le second tour, qui avait lieu le weekend dernier. A la mi-journée, seulement 8% des inscrits étaient allé voter ! Si les fraudes constatées ont été moins nombreuses que celles du premier tour, les journalistes du Monde en ont tout de même recensées plusieurs dizaines, dont l’assassinat sordide d’un président de bureau de vote, ou des passages à tabac d’agents électoraux.
Membre éminent du sérail politique malien, coresponsable à ce titre de la situation actuelle, le finaliste Soumaïla Cissé, a pourtant lui-même dénoncé les nombreuses irrégularités du scrutin, évoquant « une dictature de la fraude ».